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[L'Aînée - Littérature] Nouvel an Lunaire : c'est l'année du Dragon !
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A ceux qui s'interrogent sur le secret qui dort dans leurs yeux, certains poètes prétendent que les chats ont la clé de nos soucis et de nos peines. Ceux-là le savent qui choisissent de louer les faveurs d'un chat pour seulement trois jours et deux nuits dans cette animalerie de Tokyo. Pour cela, il faut se plier à des règles très précises, afin de mesurer son engagement dans ce choix et de garantir le bien-être du chat.
Le chat de location est un être de passage et n'a pas de maître. Invité imprévisible dans les foyers qui l'accueillent, il deviendra le médiateur silencieux des émotions humaines, ange gardien ou chat réconciliateur avec les autres ainsi qu'avec soi-même.
Le chat prend ses missions très à coeur et pour toi aussi, lectrice ou lecteur, il saura jouer le rôle de révélateur et lire en toi comme dans un livre ouvert. -
Tout commence par un jeu d'enfants au pied de l'ancien ossuaire, sur l'air de chiche qu'on grimpe sur la falaise, pour aller voir de plus près le crâne humain qu'on aperçoit d'en bas, et dont tout le monde au village sait bien qu'il gémit sous le vent. Objet sacré, craint et vénéré, le crâne est l'emblème des tragédies humaines vécues pendant la Seconde Guerre mondiale.
De toute la bande, seul Akira a le courage de monter. Et de tout le village, seul Seikichi, le père d'Akira, ose s'opposer à ce que Fujii, journaliste en fin de carrière, vienne tourner un reportage autour de la légende du crâne qui pleure.
L'un et l'autre pourtant sont hantés par un même souvenir : les heures terribles de la bataille d'Okinawa que ni Fujii, enrôlé dans un bataillon de kamikazes à vingt ans, ni Seikichi, enfant pendant la guerre, n'ont oubliées.
Les Pleurs du vent conte la paix retrouvée des âmes - celles des morts comme des vivants.
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Trois jeunes soeurs ayant fui l'Iran ont trouvé refuge dans un petit village de la côte ouest de l'Irlande. Elles y ont ouvert le Babylon Café dont la cuisine persane délivre d'envoûtants parfums d'eau de rose et de fenugrec. Alors qu'au village on allume le rituel Feu de joie du printemps, une sirène vient s'échouer sur le sable de la baie.
Une mystérieuse jeune fille blessée dans son corps et refermée sur ses secrets. Marjan, la soeur aînée, va tenter de la soigner grâce à des plats qui réchauffent et apaisent : prunes, épinards et safran, une généreuse alchimie d'herbes et d'offrandes de saison qui permettra à son âme de guérir et de retrouver le chemin de la vie.
Dans cette Irlande où les créatures fantastiques côtoient des humains souvent eux-mêmes excentriques et hauts en couleurs, les apparences sont parfois trompeuses, quoi qu'en pensent les commères épiant derrière leurs fenêtres. Car la magie vient du coeur tout autant que des sortilèges.
Ce roman où l'on retrouve les trois soeurs d'Une Soupe à la grenade est un roman lumineux où se déploient la puissance de guérison des femmes, leur courage et leur désir de liberté.
Et si vous voulez partager les bienfaits de la cuisine de Marjan, essayez ses recettes à la fin du livre. -
C'est par ces récits majeurs que Dazai Osamu (1909-1948) a laissé une empreinte considérable sur la littérature japonaise moderne, suscitant encore de nos jours une immense admiration. On le lit dans les écoles, on le commente, on le cite : il est maintenant un classique du xxe siècle au panthéon littéraire du Japon.
Une vie traversée de doute, d'inquiétude, de dégoût. Une réputation scandaleuse de buveur désespéré, d'amoureux suicidaire et d'amateur de drogues le suivra toute sa vie. On peut lire ces récits, tous nourris de la vie de l'auteur, comme autant de croquis, de choses vues, comme autant de photographies que l'on disposerait dans un album si l'on veut découvrir un homme ; mais il faut les relire pour découvrir un écrivain, pour entendre cette petite musique, ce curieux mélange de véhémence, d'humour et de familiarité qui dans une même page fait coexister l'envolée lyrique, l'émotion murmurée et le ton du journal intime.
Première parution poche en mars 2011
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A l'extrémité d'une péninsule, bien loin de Tokyo, dans un paysage de rizières vertes et d'arbres penchés devant la mer, une femme, à l'automne de sa vie et en désaccord avec le monde, entreprend la redécouverte d'elle-même dans une tranquillité solitaire.
En compagnie de son chat, elle fera durant douze mois l'apprentissage des vingt quatre saisons d'une année japonaise. A la manière d'un jardinier observant scrupuleusement son almanach, elle plante à sa guise, apprend à écouter attentivement la chute des fleurs, remplit un carnet de haikus dans l'attente des lucioles de l'été et prête attention aux moments où la nature semble prendre son élan.
Un roman sur une renaissance, parfois nostalgique, qui résonne, à chaque page, de découvertes inattendues, et déborde d'un sensuel amour de la vie.
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Les jours, les mois, les années
Lianke Yan
Coup de coeur- Picquier
- Picquier Poche
- 7 Janvier 2014
- 9782809709643
La sécheresse contraint la population d'un petit village de montagne à fuir vers des contrées plus clémentes. Incapable de marcher des jours durant, un vieil homme demeure, en compagnie d'un chien aveugle, à veiller sur un unique pied de maïs. Dès lors, pour l'aïeul comme pour la bête, chaque jour vécu sera une victoire sur la mort. Ce livre est d'une force et d'une beauté à la mesure de cette plaine où flamboie un soleil omniprésent. Le roman de Yan Lianke est un hymne à la vie. La fragilité et la puissance de la vie, et la volonté obstinée de l'homme de la faire germer, de l'entretenir, d'en assurer la transmission. C'est un acte de foi, aux confins du conte et du chant, à la langue comme jaillie de la nuit des temps ou des profondeurs les plus intimes de l'être.
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Les astres jumeaux
Kenji Miyazawa
Coup de coeur- Cambourakis
- Cambourakis Poche
- 4 Novembre 2020
- 9782366245288
Après «Les Pieds nus de lumière», une nouvelle réédition de Kenji Miyazawa: un recueil de 10 nouvelles qui concentre tout ce qui caractérise l'écriture unique de cet auteur majeur, mêlant avec talent le monde des hommes, celui des animaux et celui des esprits. Comme nul autre, il propose une façon différente de percevoir la vie, mue par un élan spontané vers les autres et une grande sympathie pour la nature.
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Voici des contes populaires qui figurent parmi les plus célèbres au Japon et auxquels le grand écrivain Dazai Osamu (1909-1948) donne une interprétation personnelle par la voix d'un narrateur quelque peu original, censé les lire à sa fille dans un abri antiaérien.
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« Man'yô avait beau avoir été ramassée et élevée par cette femme des villages, bonne et douce, la femme des montagnes qu'elle était ne lui ressemblerait jamais. » À l'été 1953, la petite Man'yô est recueillie par un couple d'ouvriers du village de Benimidori. Rien ne la prédestine à intégrer, quelques années plus tard, l'illustre clan Akakuchiba qui a fait fortune dans la sidérurgie. Lorsque la crise industrielle frappe le Japon, la famille est menacée. Sa survie dépend désormais de la fille rebelle de Man'yô. Mais celle-ci, à la tête d'un gang de motardes, a d'autres soucis que de perpétuer l'héritage familial...
À travers le destin de trois femmes, La légende des filles rouges dresse un portrait captivant des évolutions de la société japonaise jusqu'à nos jours.
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Un grand roman classique japonais au comique truculent. Ce célèbre roman d'aventures burlesques, voire scabreuses, paru en 1802, relate un voyage entrepris sur la grande route du Tôkaidô - de l'actuelle Tôkyô jusqu'à Kyôto - par deux joyeux lurons. Devant les cinquante-trois relais du Tôkaidô, c'est tout le Japon traditionnel qui se donne en spectacle.
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Voici un roman touché par la grâce, celle d'un chat " si petit et si frêle qu'on remarquait tout de suite ses oreilles pointues et mobiles à l'extrême ". Quand un jeune couple emménage un jour dans le pavillon d'une ancienne demeure japonaise, il ne sait pas encore que sa vie va s'en trouver transformée. Car cette demeure est entourée d'un immense et splendide jardin, et au coeur de ce jardin, il y a un chat. Sa beauté et son mystère semblent l'incarnation même de l'âme du jardin, gagné peu à peu par l'abandon, foisonnant d'oiseaux et d'insectes. Tout le charme infini de ce livre tient dans la relation que le couple va tisser avec ce chat qui se fond dans la végétation exubérante pour surgir inopinément, grimpe avec une rapidité fulgurante au sommet des pins gigantesques, frappe à la vitre pour se réconcilier après une brouille. Un charme menacé, car ce qui éveille en nous la beauté et appelle le bonheur est toujours en sursis... Hiraide Takashi, qui est avant tout poète, a insufflé une lumineuse et délicate magie à cette histoire du " chat qui venait du ciel ", son premier roman, largement autobiographique.
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La grand-mère de Mai mène une vie solide et calme dans la montagne au milieu des chênes et des noisetiers. Mai, 13 ans, ne veut plus retourner en cours, oppressée par l'angoisse et la souffrance intérieure, a été envoyée auprès d'elle pour se reposer. Cette grand-mère un peu sorcière va lui transmettre les secrets des plantes qui guérissent et les gestes bien ordonnés qui permettent de conjurer les émotions qui nous étreignent. Ce n'est pas le paradis, même si la lumière y est si limpide, car la mort habite la vie et, en nous, se débattent des ombres comme la colère, le dégoût, la tristesse. Mais auprès de sa grand-mère, Mai apprendra à laisser derrière elle son mal-être pour faire confiance aux forces de la vie, et aussi aux petits miracles tout simples qui nous guident vers la lumière.
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Le restaurant des recettes oubliées : Deuxième service
Hisashi Kashiwai
- Nami
- 10 Octobre 2023
- 9782493816252
« Nous retrouvons vos plats. » Une mystérieuse publicité d'une ligne dans une revue culinaire, pas de numéro de téléphone ni d'adresse claire : ceux qui souhaitent se rendre au restaurant Kamogawa doivent compter sur un soupçon de magie pour arriver à bon port ! Seuls les habitués et les clients guidés par le destin trouvent leur chemin jusqu'à la petite bâtisse cachée dans les ruelles de Kyoto qui propose à ses convives de récréer les délicieux mets qui ont marqué leur vie.
Yaki onigiri, bento au nori, donburi de tempura ou steak haché à la japonaise... pour chaque nouveau plat, Nagare Kamogawa et sa fille Koishi, enquêtent pour préparer des recettes depuis longtemps oubliées et proposent à leurs clients une plongée dans le goût inimitable du souvenir. Ces saveurs enfin retrouvées leur permettront-elles de fermer la porte aux regrets et de prendre un nouveau départ ? -
« Monsieur Rikyu a assisté à la mort de beaucoup de samouraïs... Combien d'entre eux ont dégusté le thé préparé par Monsieur Rikyu avant d'aller trouver la mort sur le champ de bataille ? Quand on a assisté à la mort de tant de guerriers, on ne peut pas se permettre de mourir dans son lit ! »
Non, Monsieur Rikyu (1522-1591), Grand Maître de thé issu du bouddhisme zen, n'est pas mort dans son lit ! Il s'est fait hara-kiri à l'âge de 69 ans. Pourquoi s'est-il donné la mort ? Un vieux moine, son disciple, tente d'élucider le mystère de ce suicide.
Ce livre-enquête nous projette dans le Japon de la fin du xvie et du début du xviie siècle. A cette époque, la cérémonie du thé était un acte grave, un rituel qui témoignait d'un engagement redoutable, empreint d'exigences éthiques et politiques, prétexte parfois à des négociations secrètes.
Le Maître de thé est donc tout naturellement un roman d'initiation, de méditation, lyrique et sensuel à la fois. A travers la figure historique de Rikyu, Yasushi Inoué (1907-1991) dresse le portrait d'une génération hantée par la mort. Etrange de penser qu'il a écrit là son dernier récit et sans doute son chef-d'oeuvre, publié en 1991, l'année même de sa disparition ! -
Comment digérer le passé ? Tantôt doux-amer, tantôt piquant, le roman de Li Ang, figure majeure de la littérature taïwanaise contemporaine, donne chair à une histoire politique sensible du vingtième siècle taïwanais. De l'humble riz au curry de la période coloniale japonaise au thé aux perles de la démocratisation de l'île, en passant par les nouilles au boeuf des prisons de la Terreur blanche, chaque chapitre est un plat où se livrent à petit feu autant d'histoires alternatives de la construction de cette société insulaire. Mémoire sensorielle de la protagoniste Wang Chi-fang et de sa famille, le Banquet aphrodisiaque nous invite à un festin où passe à la casserole un siècle de relations de pouvoir - de l'intime à l'international.
Postface de Gwennaël Gaffric : "Li Ang et l'histoire de Taiwan par le menu". -
Six récits au fil inconstant des jours
Shen Fu
- Libretto
- Litterature Etrangere
- 6 Avril 2023
- 9782369146544
Shen Fu était un lettré inconnu de ses contemporains. Mais ses Six récits au fil inconstant des jours, dès leur publication posthume en 1877, connurent un succès extraordinaire, en Chine tout d'abord, puis à l'étranger (on ne compte plus le nombre de traductions). Le propos apparemment modeste de Shen Fu - simplement raconter quelques expériences d'une vie sans grande histoire - a produit une oeuvre d'une exceptionnelle originalité.
Traditionnellement, l'autobiographie est un genre que la littérature chinoise n'a guère cultivé ; or celle-ci est non seulement vivante et candide, mais surtout elle s'attache à décrire un sujet que, tout récemment encore, la langue chinoise n'avait même pas de mot pour désigner : la vie privée - en l'occurrence, celle d'un couple amoureux (car les Six récits sont tout éclairés par la lumineuse présence de Yun, la femme du narrateur) qui cherchait désespérément à construire et protéger son intimité à l'encontre des implacables conventions du monde.
Pour Simon Leys, son traducteur, Shen Fu « détient un secret dont nous avons besoin aujourd'hui comme jamais - le don de poésie, lequel n'est pas le privilège de quelques prophètes élus, mais l'humble apanage de tous ceux qui savent découvrir, au fil inconstant des jours, le long courage de vivre, et la saveur de l'instant ». -
C'est un texte qui exprime, pour le public occidental, cette esthétique du clair-obscur et du presque rien, du subtil et de l'ambigu, opposée au tout blanc ou noir, au facial écrasé de lumière rationaliste de l'Occident. La traduction des années 1970 toute au louable projet de légitimer le goût de l'esthétique japonaise, avait un peu laissé dans l'ombre sa face scintillante et ironique. Tout comme il n'y a pas d'ombre sans lumière, il n'y a pas de vérité sérieuse sans humour.
Et vous pouvez faire confiance à Tanizaki quand il s'agit de marcher sur le fil de la vulgarité sans tomber dedans, comme de scruter l'ombre sans se cogner la tête. Les idées défendues dans cet essai rejoignent des préoccupations contemporaines de recherche d'une vie plus frugale et parcimonieuse en énergie.
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Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas comme écrivain public, car cette grand-mère, une femme exigeante et sévère, lui a enseigné l'art difficile d'écrire pour les autres. Le choix des mots, mais aussi la calligraphie, le papier, l'encre, l'enveloppe, le timbre, tout est important dans une lettre.
Hatoko répond aux souhaits même les plus surprenants de ceux qui viennent la voir : elle calligraphie des cartes de voeux, rédige un mot de condoléances pour le décès d'un singe, des lettres d'adieu aussi bien que d'amour. A toutes les exigences elle se plie avec bonheur, pour résoudre un conflit, apaiser un chagrin. Et c'est ainsi que, grâce à son talent, la papeterie Tsubaki devient bientôt un lieu de partage avec les autres et le théâtre des réconciliations inattendues.
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Taipei sous la pluie de prunes
Eric Faye
- Picquier
- Litterature Grand Format
- 19 Janvier 2024
- 9782809716504
Les voyages en Asie auxquels nous convie Eric Faye sont faits de rencontres avec des figures singulières, écrivains, cinéastes, avec les saisons, la lumière, la gastronomie et les alcools locaux, avec les souvenirs et les cicatrices de l'histoire, l'éblouissement face au lac Koukou-Nor, son étendue turquoise dans un paysage où les dunes de sable rejoignent la neige, ou l'ébahissement devant les 200 statues à l'effigie de Chiang Kaï-chek dans le parc de sa résidence à Cihu.
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«Il avait griffonné un buste de femme cambrée, seins nus, pieds à demi cachés par la courbe d'une fesse. La respiration de Kerrand s'est accélérée au rythme de son coup de plume. Il a fait couler toute l'encre du pot, la femme a titubé, cherché à crier encore, mais le noir s'est glissé entre ses lèvres jusqu'à ce qu'elle disparaisse.» À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune femme rêve d'ailleurs dans une pension modeste. Chaque jour, elle cuisine pour les rares visiteurs venus s'isoler du monde. L'arrivée d'un Français, auteur de bandes-dessinées, vient rompre la monotonie de l'hiver. Ils s'observent, se frôlent, et à mesure que l'encre coule, un lien fragile naît entre ces deux êtres aux cultures si différentes, en quête d'absolu.
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Parfaitement bilingue, Pema Tseden écrit en chinois ou en tibétain avec un égal bonheur, car un même regard traverse les sept récits, choisis ici en accord avec l'auteur lui-même : c'est une plongée dans le monde rural tibétain, profondément imprégné de bouddhisme, ancré dans ses traditions que menace l'entrée violente dans le consumérisme moderne. Loin d'une culture minoritaire et folklorique, ou mystique et idéalisée comme les Occidentaux aiment à la rêver, Pema Tseden nous propose de regarder le Tibet d'aujourd'hui par le truchement d'une langue d'une grande poésie et avec des interrogations proprement tibétaines.
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Paru en 1965, couronné du premier prix Tanizaki, le roman de Kojima Nobuo est une oeuvre essentielle sur le Japon d'après-guerre et l'ébranlement d'une société confrontée au mode de vie et de pensée à l'américaine. Dans ce " cercle de famille " qui n'est que le reflet d'une société tout entière, jouent des forces contradictoires qui vont peu à peu désunir des liens en fragile équilibre. L'infidélité de l'épouse Tokiko avec un soldat américain, puis la maladie, précipitent la dissolution de ce petit univers dont l'auteur décrit avec subtilité les moindres tensions, aspirations et discordances. A l'image de cette villa californienne que les époux s'acharnent à faire construire et qui, peu à peu, révèle fuites et infiltrations d'eau qui la rongent de l'intérieur.
Le Cercle de famille est une oeuvre brillante et mélancolique sur un moment clé du Japon, et s'il nous éclaire sur le passé, il donne en même temps une image plus précise du présent, voire de l'avenir, si l'on pense avec Kojima Nobuo que la littérature est douée d'un " caractère prémonitoire ".
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Des chevaux et des hommes. Sous le ciel de l'Altaï, au milieu des immenses plaines de Mongolie, Galsan Tschinag plante le somptueux décor d'une double tragédie : la disparition d'une mère, qui laisse trois enfants et un époux qui avait appris à l'aimer ; le refus d'une jument, en deuil de son petit, de nourrir un poulain orphelin. Chez les humains comme chez les animaux, il s'agit que la vie l'emporte sur la mort, il s'agit de retrouver le chemin de la source d'amour. En contrepoint de ces drames, l'auteur révèle un autre aspect de son exceptionnel talent de conteur en s'attachant aux luttes des nomades contre les envahisseurs venus de tous les horizons. Galsan Tschinag au sommet de son art.
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Le livre est une série de plans fixes qui, telles les images d'un film, s'enchaînent entre eux pour dessiner le portrait de Linde. Elle a 16 ans, puis 28, 34, 47, 3 et enfin 63 ans, et découvre au fil de ses apprentissages, de ses déceptions et de ses joies, les sources invisibles du bonheur.
Linde évolue sous le regard des autres, trop sage, presque invisible, pleine d'anticipation immobile, elle attend que la vraie vie commence. Elle se heurte au fossé qui nous sépare irrémédiablement d'autrui, et aux succédanés d'un bonheur idéal. A 63 ans, elle attend encore de la vie et des autres ce qu'ils ne peuvent lui donner. Mais, un jour, en attendant le facteur, elle finira par remarquer : « pour quelqu'un qui avait raté sa vie, il lui semblait qu'elle ne s'en sortait pas trop mal. »