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[L'Aînée - Littérature] Littérature Live Festival - Festival International de Littérature de Lyon - Villa Gillet
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En 1990, Hisham Matar a dix-neuf ans lorsque son père Jaballa, opposant au régime autoritaire libyen, est enlevé par les services secrets égyptiens et emprisonné dans son pays natal. La famille reçoit quelques lettres, envoyées secrètement, jusqu'à ce que toute correspondance cesse. Vingt et un ans plus tard, lors de la chute de Kadhafi, les détenus sont libérés par le peuple mais Jaballa reste introuvable. Hisham Matar a mené l'enquête pendant des années, d'ONG en ambassades, allant jusqu'à rencontrer Mandela et le fils de Kadhafi. Dans ce récit consacré à son père, il livre l'histoire poignante de sa famille et dresse le portrait subtil d'une Libye prise dans la tourmente de la dictature.
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Lorsque le jeune Khaled découvre à Benghazi, attablé avec ses parents autour du poste de radio, la puissance d'une nouvelle lue par un grand journaliste libyen expatrié à Londres, il est loin d'imaginer qu'un jour il vivra lui-même dans cet eldorado, et qu'il deviendra l'ami de l'auteur de ce texte, le brillant Hossam. Une trentaine d'années plus tard, le même Khaled se balade dans les rues londoniennes et retrace sa vie d'exil, de son arrivée imprévue à Londres, encore étudiant animé d'idéaux politiques, à ses longues amitiés si essentielles avec Hossam et Mustafa, un autre expatrié libyen. Alors que ses deux amis font le choix de retourner sur leur terre pour combattre la dictature de Kadhafi, Khaled, plus tiraillé, prend racine dans une existence loin des siens. Son amour de la littérature et la force de ses amitiés l'empêcheront-ils de ressentir le poids du regret ? Bouleversante déambulation dans les souvenirs et dans un Londres magnifié, Mes amis explore avec une grande délicatesse le conflit intérieur lié à chaque exil. Tout en dévoilant de manière unique l'histoire déchirante de la Libye et de sa révolution récente, Hisham Matar nous émerveille par la force de son écriture, aussi subtile qu'intense.
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« Il allait faire ce à quoi personne ne s'attendait. Il allait investir son argent dans Birnam Wood. ».
UN THRILLER POLITIQUE ET PSYCHOLOGIQUE PAR L'AUTRICE DU BEST-SELLER INTERNATIONAL LES LUMINAIRES.
Un grand naïf, une militante écologiste, un milliardaire aux ambitions démesurées. De quels compromis, de quels renoncements seront-ils capables à l'heure où leurs idéaux sont mis à l'épreuve ? -
Je suis l'eau qui charrie les larmes de Clara. La vapeur du souvenir au carreau de fenêtre lorsque tombe la nuit. Je suis les flocons de neige se posant sur leurs langues tirées haut vers le ciel, dans l'hiver cristallin. Je suis le ruisselet où elles marchaient pieds nus lorsque venait l'été. Je suis l'humidité entre leurs cuisses mêlées et au bout de leurs doigts, je suis le torrent de leurs âmes liquides, et la salive des mots qu'elles chuchotaient tout bas. Je suis la nuée, l'onde après le tonnerre qui noie toute la vallée sous un fracas d'éclairs, je suis leur joie grondante, je suis leur colère. Il faut bien qu'on m'entende, j'ai une histoire à dire, seul le vent me répond. Le vent a retenu le souvenir de Meni.
Dans ce roman envoûtant, Wendy Delorme nous plonge dans deux histoires d'amour qui se font écho à deux époques différentes, nous donnant à entendre la mémoire de vies minoritaires, dans un récit où les éléments, l'eau, le vent, les arbres et les pierres deviennent des personnages à part entière. -
« Elles étaient toutes brisées et pourtant incassables. Elles existaient ensemble comme un tout solidaire, un orchestre puissant, les organes noués en ordre aléatoire, un grand corps frémissant. Et j'étais l'une d'entre elles. » Une société totalitaire aux frontières closes, bordée par un fleuve. Sur l'autre rive subsistent les vestiges d'une communauté de résistantes inspirée des Guérillères de Monique Wittig. Dans la capitale du territoire fermé, divers personnages se racontent, leurs aspirations, leurs souvenirs, comment survivre, se cacher et se faufiler dans un monde où les livres sont interdits.
Une dystopie où se reflètent les crises que nous traversons aujourd'hui. Un roman choral poétique et incandescent, où l'on parle d'émancipation des corps, d'esprit de révolte et de sororité. Un hommage à la littérature et à son potentiel émancipateur et subversif.
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Minnesota, années 1970. Rosalie Iron Wing grandit dans les bois avec son père, Ray, qui lui raconte des histoires en lien avec leurs origines Dakhóta. Mais un jour Ray ne rentre pas à la maison. Âgée de douze ans, Rosalie est alors envoyée dans une famille d'accueil blanche qui la maltraite.
Trente ans plus tard, Rosalie retourne sur les lieux de son enfance et renoue avec un passé enfoui. Elle se découvre la descendante d'une lignée de femmes qui se sont transmis des graines d'une génération à l'autre, comme autant de promesses d'espoir et de vie.
Elle-même originaire de la tribu sioux Mdewakanton dans le Minnesota, Diane Wilson puise dans la mémoire blessée de ses ancêtres pour nous livrer le portrait de quatre femmes puissantes et de tout un peuple qui n'a jamais cessé de résister. -
La normalité est un malentendu. C'est le constat que fait la grande autrice argentine Samanta Schweblin dans Sept maisons vides, son recueil couronné en 2022 par le prestigieux National Book Award du meilleur livre étranger.
Une femme s'introduit dans des pavillons de banlieue pour sauver des objets du mauvais goût de leurs propriétaires, des enfants confiés à leurs grands-parents naturistes disparaissent, des vêtements sont jetés chaque matin par-dessus une clôture, et une vieille dame est incapable de se souvenir du prénom de son fils - autant de formes de démence qui hantent chacune de ces sept maisons argentines formant le livre. Erreurs impardonnables, silences trop lourds et méprises dramatiques en sont les vrais habitants. Les hommes et les femmes, eux, n'ont pas d'autres choix que de succomber à la folie pour tenter de conjurer leurs peurs et s'en libérer.
Avec sa prose acérée, Samanta Schweblin explore dans Sept maisons vides le désarroi du quotidien et la tragédie du domestique. Un chef-d'oeuvre d'humour noir qui nous révèle que les frontières de l'étrange commencent au pas de notre porte.
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon -
Avec Le témoin, Joy Sorman poursuit, cette fois à travers la fiction, son exploration de nos «lieux communs», ceux qui racontent le monde et jettent une lumière crue et acérée sur la société dans laquelle nous vivons. Dans ce roman mâtiné de réel, l'auteure imagine qu'un homme, nommé Bart, pénètre à l'intérieur du palais de justice de Paris et décide de s'y installer clandestinement. Caché la nuit dans un plafond et arpentant le jour les salles d'audience, il assiste au spectacle de la justice - ou est-ce plutôt à celui de l'injustice ? Mais pour quelle raison Bart a-t-il quitté sa vie et organisé sa disparition ? Que cherche-t-il dans ce lieu inhabitable ?
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Guinée-Bissau, 2012. Guitariste d'un groupe fameux de la fin des années 1970, Couto vit désormais d'expédients. Alors qu'un coup d'État se prépare, il apprend la mort de Dulce, la chanteuse du groupe, qui fut aussi son premier amour. Le soir tombe sur la capitale, les rues bruissent, Couto marche, va de bar en terrasse, d'un ami à l'autre. Dans ses pensées trente ans défilent, souvenirs d'une femme aimée, de la guérilla contre les Portugais, mais aussi des années fastes d'un groupe qui joua aux quatre coins du monde une musique neuve, portée par l'élan et la fierté d'un pays. Au coeur de la ville où hommes et femmes continuent de s'affairer, indifférents aux premiers coups de feu qui éclatent, Couto et d'autres anciens du groupe ont rendez-vous : c'est soir de concert au Chiringuitó.
Prix LiRE : Révélation française 2014. Prix littéraire Georges Brassens. Prix littéraire de la porte dorée 2015.
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1940, au nord de la Crète. La communauté juive célèbre Rosh Hashana. Rebecca écoute les commérages sur le futur mariage de Stella. Rachel tombe amoureuse du beau marin Nikos. Ariadni entre au service de la famille d'Isaac. Mais la voix sourde de la guerre qui a commencé en Europe se fait entendre. Malgré la menace, la vie continue... jusqu'au matin du 20 mai 1941, lorsque le III? Reich lance l'attaque et bombarde l'île. Faut-il fuir ou rester ? Pour Rebecca, Rachel, Rena, Ariadni et les autres, c'est l'heure de savoir si l'on est libre de choisir son destin, et de lutter pour son eleftheria, sa liberté. Au coeur des montagnes de Crète, Murielle Szac livre un roman choral et solaire sur un épisode méconnu de l'histoire où s'entrelacent les parfums et les rites, les croyances et les destins, les amours et les trahisons.
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Une relecture féministe des mythes.
Déesses, héroïnes, guerrières, amantes, magiciennes, tisserandes... Injustement oubliées, les femmes de la mythologie grecque sont incandescentes. Elles ne demandent qu'à être reconnues : Aphrodite n'est pas une déesse vamp, mais la victime d'un mariage forcé.
Pénélope n'est pas l'épouse nunuche et infidèle qu'on a trop souvent présentée, mais la clé de voûte de l'Odyssée. Phèdre est scandaleuse parce qu'elle incarne le désir féminin. Clytemnestre pose avec force la question de la place des femmes, Artémis est l'ancêtre de l'écoféminisme... Toutes sont animées par un souffle de liberté et une rage de vivre qui résonnent avec nos vies d'aujourd'hui.
Murielle Szac raconte depuis vingt ans les drames et les épopées de la mythologie grecque dans des Feuilletons à succès. Peu à peu, elle a pris conscience de l'importance des femmes dans les mythes, jusqu'ici toujours racontés du point de vue des hommes.
En renversant le regard, une autre réalité apparaît. Ce livre est aussi son histoire. -
Loin à l'intérieur des terres de Bahia, dans le nord-est du Brésil, deux soeurs, Bibiana et Belonísia, tombent sur un trésor en fouillant la valise poussiéreuse cachée sous le lit de grand-mère. Un mystérieux couteau au manche d'ivoire incrusté de nacre et à la lame étincelante. Son magnétisme est irrésistible et elles ne peuvent s'empêcher d'y goûter. Leur vie en sera bouleversée à jamais : Bibiana se blesse légèrement, Belonísia se coupe la langue. Sa soeur sera désormais sa voix.
Leur père est un chamane réputé, on vient de loin invoquer à travers lui les divinités du culte du Jarê. Bienfaitrices ou vengeresses, elles sont aussi les gardiennes de tous les secrets...
Dans cette communauté afro-brésilienne, on vit de peu sur les terres marécageuses, dans des maisons d'argile et de paille, à la merci des propriétaires terriens. C'est à ce monde archaïque, celui de l'esclavage d'aujourd'hui, que les deux soeurs vont s'opposer, luttant contre les inégalités ethniques et l'oppression des femmes.
D'une oralité saisissante, Charrue tordue est un roman magnifiquement engagé. Émouvant et envoûtant, métaphysique et sensuel, son réalisme se teinte de surnaturel pour créer une évocation d'un Brésil en pleine mutation. -
Mon sous-marin jaune
Jón Kalman Stefánsson
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 4 Janvier 2024
- 9782267050288
Un écrivain qui ressemble beaucoup à Jón Kalman Stefánsson aperçoit Paul McCartney dans un parc londonien, en août 2022. L'ancien Beatles est le héros de sa jeunesse, et le narrateur rêve de lui parler. Mais il lui faut d'abord préparer cette conversation, trier ses souvenirs, mettre de l'ordre dans l'écheveau d'émotions et de récits de toute sorte qu'il aimerait partager avec son idole.
C'est donc à ce voyage dans le temps que nous invite Mon sous-marin jaune. À commencer par l'histoire d'un jeune garçon qui apprend au détour d'une phrase que sa mère vient de mourir. Quelques mois plus tard, il passe l'été dans la famille de sa nouvelle belle-mère. La beauté sauvage des fjords de l'Ouest sera un puissant antidote contre la solitude, le chagrin, et le silence pesant de son père. L'enseignement biblique, au contraire, le met en colère et lui fait comprendre qu'il devra chercher des réponses ailleurs. Beaucoup plus tard, ce sera grâce aux livres piochés à la bibliothèque municipale qu'il se mettra à comprendre dans quelle direction il voudrait diriger sa vie...
Dans un récit où les lieux et les temporalités cohabitent, nous croisons un chauffeur de taxi fou, un moniteur d'auto-école au coeur fragile, ou encore Ringo Starr transformé en évêque médiéval, et c'est seulement la folie créatrice du romancier qui permet d'en faire son livre le plus audacieux et sans aucun doute le plus ouvertement autobiographique. Ce nouveau roman de Stefánsson nous offre une occasion de saisir la quintessence de toute son oeuvre. -
La Ressemblance inquiète Tome 1 : L'Humanisme altéré
Georges Didi-Huberman
- Gallimard
- Art Et Artistes
- 6 Avril 2023
- 9782073000927
En définissant l'histoire de l'art comme «discipline humaniste», Erwin Panofsky entendait un tel humanisme dans la perspective de cette longue tradition, éthique autant qu'érudite, qui court depuis l'Antiquité et aura trouvé sa moderne reformulation chez Kant. L'humanisme s'entendait aussi dans son acception historique de moment crucial pour la culture occidentale, à savoir la Renaissance italienne et nordique. C'est un fait frappant que l'histoire de l'art s'est souvent refondée dans sa propre méthode à partir d'une vision renouvelée qu'elle pouvait offrir de cette période fascinante et initiatique à bien des égards. Mais il faut compléter cette histoire de l'art par une anthropologie des images, des regards, des relations de ressemblance. Et renouer par là avec le point de vue d'Aby Warburg, pour qui l'humanisme fut un âge non seulement de conquêtes majeures, mais aussi d'inquiétudes, de tensions, de crises, de conflits. Cet ouvrage réunit une série d'études où l'humanisme renaissant se révèle altéré dans certains objets figuratifs. On y découvre comment la ressemblance inquiète autant qu'elle s'inquiète, délivrant ses symptômes par-delà tous les signes iconographiques qu'on peut y reconnaître. Qu'il s'agisse de la Peste noire, de l'expression pathétique, du portrait ou des multiples usages figuratifs de la cire, dans tous les cas l'humanisme aura montré son malaise impensé, sa fêlure constitutive : une fatale altération qui est vocation à l'altérité.
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" Nous vivons tant de vies à l'intérieur de la nôtre, des vies plus petites avec des personnes qui vont et qui viennent, des amis qui disparaissent, des enfants qui grandissent, et je ne suis pas sûre de savoir laquelle de mes vies est le cadre dans lequel s'inscrivent toutes les autres. "
Une femme est clouée au lit, fiévreuse. Sans pouvoir expliquer pourquoi, elle a soudain l'envie de relire la Trilogie new-yorkaise de Paul Auster. De là, elle commence à se remémorer des moments de sa vie, notamment sa vingtaine dans les années 1990, à l'aube du tournant de l'an deux-mille. Les méandres de ses souvenirs forment une prose magnétique nourrie de nostalgie et de réflexions existentielles irrésistibles. Le tout agrémenté de références réjouissantes à la littérature. Son existence semble se résumer à quatre relations dont un amour indélébile, une amitié sauvage, une rencontre électrique et éphémère. Elle en tire des portraits inoubliables dont les sujets sont à la fois celle qui raconte et ceux qui sont racontés, une perspective, des détails que l'on remarque ou pas, une histoire de relations qui se font et se défont avant que l'ère numérique ne vienne bouleverser les rapports humains. -
Aux frontières de l'Empire sommeille une province minérale où le rythme lent des grands hivers engourdit les habitants d'une petite ville ordinaire. Un soir, le Curé est découvert la tête fracassée à coups de pierre. Qui pouvait à ce point lui en vouloir dans cette bourgade où, jusque-là, les communautés religieuses avaient vécu en bonne entente ? L'enquête est confiée à Nourio, le Policier trop souvent gouverné par ses passions et qui méprise Baraj, son Adjoint, géant débonnaire à l'âme de poète. Mais l'Empire a-t-il intérêt à ce que l'on découvre le véritable assassin ? Lorsque les peuples et les États sont malmenés, comment s'écrit ou se réécrit l'Histoire ? Et que peuvent les hommes face à son cours impétueux ?
Une magnifique exploration de la nature humaine. Baptiste Liger, Lire Magazine littéraire.
Une prose pleine de surprises. Fabrice Gabriel, Le Monde des livres.
Une fable cruelle et sombre, d'une noirceur implacable sur la déchéance de l'humanité. Jean-Claude Raspiengeas, La Croix. -
Août 1577. Installé depuis dix ans à Amsterdam où il tient une auberge, Beer vit avec sa fille adoptive Marie qui supporte de plus en plus mal son mutisme et sa mélancolie. Ces derniers soirs, comme chaque année au mois d'août, il s'isole dans sa chambre pour se remémorer sa vie passée à Anvers, ses trois épouses mortes en couches et son dernier amour, la Femme Sauvage, décédée durant leur fuite vers le nord.Il replonge dans la ville bruissante d'Anvers au XVIe siècle aux côtés des intellectuels éclairés de l'époque - cartographes, imprimeurs, commerçants, astrologues, peintres, etc. - qui fréquentent son auberge et y tiennent les réunions secrètes de leur confrérie, baptisée la Famille de l'Amour. Au retour d'une expédition maritime, des explorateurs lui demandent d'héberger une « femme sauvage » et sa petite fille, toutes deux vêtues de peaux de phoque. Pour ne pas déplaire à ces hommes qu'il admire, Beer accepte à contrecoeur. Il les enferme dans une chambre qu'il munit de barreaux et commence à faire payer les curieux qui veulent découvrir « les créatures ». Ce comportement obtus et barbare lui aliène progressivement la sympathie de ses proches, à commencer par Margreet, la sage-femme qui vit avec lui, et son fils Ward, qui prend ses distances en lisant des livres ésotériques interdits par la censure.Alors que le pays est en proie aux luttes religieuses et aux révoltes ourdies contre l'occupant espagnol, que les exécutions publiques, les tortures, les destructions d'églises, les incendies et les massacres se multiplient, un félon du nom de Jan Grauwels tente de manipuler Beer pour infiltrer la Famille de l'Amour...
« Le nouveau livre de Jeroen Olyslaegers est comme Game of Thrones dans l'Anvers du XVIe siècle » Trouw Traduit du néerlandais (Belgique) par Françoise Antoine -
Invasives ou l'épreuve d'une réserve naturelle
Céline Curiol
Coup de coeur- Actes Sud
- Mondes Sauvages
- 4 Octobre 2023
- 9782330183066
"Ma bouche était maintenant grande ouverte et dès lors mon cou s'allongea d'une façon qui me parut inquiétante et démesurée, amenant mon visage à l'orée des petites feuilles charnues, mes lèvres bientôt touchant leur glacis, mon nez respirant de près un parfum vaseux et herbacé, jusqu'à ce que j'éprouve, sur ma langue, une fraîcheur sirupeuse, un goût de verdure légèrement amère, de haricots verts crus, de persil léger.» Dans la réserve des Marais du Vigueirat, où Céline Curiol se retrouve en immersion solitaire sur une période d'un an, l'invasive jussie est partout, au point de hanter ses rêves. Au ?l de rencontres avec tout un écosystème de plantes, d'animaux, de femmes et d'hommes, c'est le paradoxe de la protection de la nature que l'écrivaine explore : pour préserver les espèces patrimoniales, les humains doivent déployer des e?orts démesurés bien loin de la spontanéité supposée du sauvage. Avec sensibilité et force, Céline Curiol raconte une expérience extraordinaire tissée d'étonnements, d'enthousiasmes, de craintes et de doutes, et interroge les concepts de nature et d'invasion qui orientent nos rapports avec tout milieu. Une épopée vers l'intime métamorphose d'une écrivaine ainsi qu'à travers une Camargue inédite, très loin des clichés touristiques, et d'autant plus attachante...
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PRIX ANDRÉ MALRAUX 2023 Nous nous retrouvons tous dans ce texte, vivant, sensible et contemporain. Parce que chacun cherche sa Tasmanie : un endroit où, tout simplement, il est possible d'être sauvé.
Un grand roman sur notre époque.
Paris, novembre 2015. Le narrateur, écrivain et journaliste, est venu couvrir un sommet sur le climat, quelques jours seulement après les attentats. Une situation de crise qui fait écho à celle qu'il traverse avec sa compagne, Lorenza. Avec une désinvolture vivifiante, il s'entoure de personnages atypiques qui apportent, chacun à sa façon, du sens à son univers : un jeune physicien aventurier, un climatologue spécialiste des nuages, une reporter haute en couleurs et un prêtre qui a rencontré la femme de sa vie.
Intime et universel, Tasmania est un roman sur le présent et sur l'avenir. L'avenir que nous craignons et celui que nous désirons, celui que nous n'aurons pas et celui que nous construisons. Il nous rappelle que chacun peut trouver sa Tasmanie, un espace où écrire son avenir. -
Un roman cynique, lucide et éminemment politique, contre le coma des peuples.
Après une violente bousculade lors d'un mouvement de foule, Francysk, jeune homme de 16 ans qui étudie la musique dans une ville de Biélorussie, tombe dans le coma. La plupart de ses proches l'abandonnent. Seule sa grand-mère Elvira lui rend visite chaque jour et veille à ce qu'il soit bien soigné.
Après dix ans de coma, Francysk se réveille. On lui annonce que sa grand-mère est décédée. Il comprend alors que ses proches ont changé de vie. Mais dans le pays, tout est comme avant : un président très autoritaire est toujours au pouvoir ; les jeunes quittent la Biélorussie, et la police réprime toute tentative de contestation.
Le jeune homme trouvera-t-il sa place dans ce pays figé ?
« Si vous voulez entrer dans la tête de la Russie jeune, de la Russie moderne, lisez Filipenko ».
Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature. -
En 1941, le directeur du crématorium de Moscou, Piotr Nesterenko, est arrêté. Il sait mieux que personne ce qui arrive aux victimes des Grandes Purges staliniennes. Opposants, espions présumés, anciens héros de la révolution, tous victimes des répressions - il les a tous incinérés. Au fil des interrogatoires successifs, il doit répondre de sa vie tumultueuse : officier de l'Armée blanche qui a fui les bolcheviks jusqu'en Ukraine, survivant d'un accident d'avion, émigré à Istanbul puis à Paris, amoureux fidèle à la passion de sa jeunesse... Un jeu du chat et de la souris commence entre le prisonnier et son commissaire-enquêteur, brouillant les cartes entre le bourreau et la victime, la justice et le mensonge, le bien et le mal.
Sacha Filipenko entrelace avec virtuosité les documents historiques et la fiction ; maniant une ironie glaçante, il raconte une histoire macabre, folle et fascinante, depuis l'intérieur d'un État totalitaire. -
Les trois lumières
Claire Keegan
Coup de coeur- Sabine Wespieser
- Litterature Etrangere
- 7 Avril 2011
- 9782848050959
Dans la chaleur de l'été, un père conduit sa fille dans une ferme du Wexford, au fond de l'Irlande rurale. Bien qu'elle ait pour tout bagage les vêtements qu'elle porte, son séjour chez les Kinsella, des amis de ses parents, semble devoir durer. Sa mère est à nouveau enceinte, et il s'agit de la soulager jusqu'à l'arrivée du nouvel enfant.
Au fil des jours, puis des mois, la jeune narratrice apprivoise cet endroit singulier, où la végétation est étonnamment luxuriante, les bêtes grasses et les sources jaillissantes. Livrée à elle-même au milieu d'adultes qui ne la traitent pas comme une enfant, elle apprend à connaître, au gré des veillées, des parties de cartes et des travaux quotidiens, ce couple de fermiers taciturnes qui pourtant l'entourent de leur bienveillance. Pour elle qui n'a connu que l'indifférence de ses parents dans une fratrie nombreuse, la vie prend une nouvelle dimension. Elle apprend à jouir du temps et de l'espace, et s'épanouit dans l'affection de cette nouvelle famille qui semble ne pas avoir de secrets. Certains détails malgré tout l'intriguent : les habits dont elle se voit affublée, la réaction de Mr Kinsella quand il les découvre sur elle, l'attitude de Mrs Kinsella lors de leurs rares sorties à la ville voisine...
Claire Keegan excelle à éveiller l'attention de son lecteur sur ces petites dissonances où transparaît le désarroi de ses personnages, en apparence si maîtres d'eux-mêmes. Explorant avec le talent qui lui est coutumier les failles du quotidien, elle brosse ici le portrait magnifique d'une enfant qui apprend à grandir entourée d'adultes mystérieux et d'une nature dont la beauté coupe le souffle.
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Belfast, début des années 1990. La ville vit au rythme des slogans de haine, des bombes, des assassinats. Pourtant, au coeur de l'incendie se niche toujours le quotidien. Dans les rues aux murs de briques vivent les victimes de l'histoire qui s'écrit dans le sang. Ici et là, on a appris à faire abstraction, on sort entre amis et on boit, beaucoup, on tombe amoureux, souvent, on trafique la misère, surtout. Jake Jackson, le catholique, et son ami Chuckie Lurgan, le protestant, ainsi que que tout ce que Belfast compte de brinquebalants, sont l'incarnation de cette existence à l'intensité dramatique. Au fond de leurs immenses bières, dans l'urgence d'un rire ou d'un mot d'amour, il y a tout ce qu'il reste d'humanité.
Le roman «culte» d'un écrivain «culte», trop rare depuis vingt ans. -
Dans une petite ville côtière d'Irlande, la rencontre improbable de deux êtres cabossés par la vie.
" Tu me trouves un mardi, où je vais en ville comme chaque mardi. Tu es affiché dans la vitrine de la brocante. Une photo de ta tête estropiée et, au-dessous, un appel :
Recherche maître compatissant et tolérant, sans autre animal de compagnie ni enfant de moins de quatre ans. "
C'est le printemps, dans une petite ville côtière de l'Irlande. Le narrateur de cinquante-sept ans est cabossé par la vie. Trop vieux pour prendre un nouveau départ et trop jeune pour baisser tout à fait les bras, il traîne sa solitude de plus en plus difficilement. Quand il croise la route d'un chien borgne et famélique, il n'hésite pas longtemps : il en fera son compagnon de misère. Leur amitié, d'abord fragile, deviendra indéfectible. Jusqu'à ce que les habitants du coin décident de s'en mêler.
Servi par une langue étincelante et une intrigue menée tambour battant,
Dans la baie fauve est un roman poignant sur l'alliance de deux êtres abîmés.
" Sara Baume n'a que 33 ans, mais sa langue, dépouillée et précise, est d'une maturité évidente. [...] Descriptif mais très vivant, le récit injecte de l'intensité dans les objets infimes de l'ordinaire. "
L'Express
Traduit de l'anglais (Irlande) par France Camus-Pichon