La philosophie au xxe siècle a profondément transformé ses objets, ses méthodes, ses interrogations - qu'elle traitât de la métaphysique, du langage, de la phénoménologie, de l'éthique ou bien encore des concepts de la science, voire de sa propre histoire.
Plus que jamais, les frontières avec d'autres champs de savoir sont devenues poreuses ; plus fortes aussi les intrusions d'autres modalités de mise en forme du monde - à commencer par l'idéologie marxiste ou la psychanalyse.
Ce n'est pas à l'exhaustivité que vise cet ouvrage : un volume n'y suffirait pas. il entend plutôt jeter quelques coups de projecteur pour aider à éclairer le motif de ce qui, du fait d'une trop grande proximité dans le temps - puisque le xxe siècle philosophique est encore le nôtre - demeure un puzzle.
Comme ce siècle philosophique presque écoulé aura été marqué par l'opposition, plus souvent artificielle que réelle, entre une tradition continentale et une tradition anglo-saxonne, nous avons préféré, dans certains cas, apporter des réponses à deux voix. afin, justement, de fausser la perspective des lieux communs et de montrer qu'il y a parfois plus convergence que divergence.
Cette anthologie couvre sept siècles de poésie française, du Moyen Âge à nos jours - de Rutebeuf à Claude. Y figurent les poètes pour qui les sources d'inspiration chrétienne, les images et les symboles de la religion, qu'elle soit catholique ou protestante, ont représenté la vérité et le salut ; bref, les poètes qui ont eu la foi.
On relira avec admiration les traducteurs des Psaumes, on se souviendra que Saint-Amant, Tristan l'Hermite et Racan ne méritent pas l'oubli, et l'on découvrira des poètes du XVIIe tels Pierre Motin, Habert de Cerisy, d'Arbaud de Porchères, Ogier de Gombauld, ainsi que Drelincourt qui, tout comme la redécouverte dont a fait l'objet la musique baroque, sont parfaitement à leur place dans une anthologie qui a délibérement choisi la qualité esthétique des oeuvres. Le recueil s'achève enfin sur Verlaine, Nouveau, Jammes, Péguy et Claudel.
" l'être, écrit aristote, se dit en plusieurs sens " : la substance, la quantité, la qualité, la relation, le lieu, le temps, la position, la possession, l'action, la passion.
" aucun de ces termes en lui-même et par lui-même n'affirme, ni ne nie rien, c'est seulement par la liaison de ces termes entre eux que se produisent l'affirmation et la négation. " durant vingt siècles, ces catégories ont dicté la grammaire élémentaire du raisonnement philosophique. qu'en reste-t-il aujourd'hui ? doit-on les abandonner ou les repenser à nouveaux frais ?
Il n'est de réponse possible que singulière, par l'examen de chaque catégorie, et plurielle, dans le respect des grandes traditions et approches philosophiques qui se répondent ici comme en écho les unes aux autres.
Après la publication des correspondances de Marcel Proust avec André Gide, Jacques Rivière et Jacques Copeau, voici celle avec son éditeur, Gaston Gallimard. Il s'agit d'un ensemble de quatre cent sept lettres dont l'essentiel est inédit. Cette correspondance croisée permet d'accompagner, jour après jour, la naissance des oeuvres de Proust jusqu'à sa mort le 18 novembre 1922. Cet échange jette une lumière étonnante sur les comportements des hommes, la mise au point des oeuvres et sur les pratiques éditoriales du début du siècle. C'est pourquoi on a choisi de publier, avec les lettres de Proust à Gaston Gallimard, les vingt-cinq qui sont adressées à ses proches collaborateurs:Berthe Lemarié, Gustave Tronche, Jean Paulhan, etc. De même, toutes les lettres envoyées par les services de la N.R.F. à Marcel Proust sont présentes dans cette édition. Gaston Gallimard enfin apparaît ici dans l'exercice quotidien de son métier. On sent la passion qui l'habite, la conviction qu'il a du génie de Proust et le désir qui l'anime de le servir au mieux.
Les lettres échangées entre le fondateur des Éditions Gallimard et son principal conseiller littéraire, rédacteur en chef puis directeur de La Nouvelle Revue française, placent le lecteur au coeur d'un demi-siècle d'édition et de littérature.
Jean Paulhan estimait que sa « vie véritable » avait commencé ce jour de 1919 où Gaston Gallimard était venu, avec Jacques Rivière, lui proposer d'entrer à la NRF ; et Gaston Gallimard sut lui dire sa profonde gratitude, doublée d'un sincère et amical sentiment de proximité : « Depuis la mort de Jacques Rivière, la NRF, la maison, c'est vous et moi. » ; ou encore : « Si je ne savais que vous détestez les grands mots, c'est bien mieux et bien plus souvent que je vous ferais sentir que vous êtes l'homme que j'admire et que j'aime le plus, le seul en qui j'ai une aveugle confiance ».
Il reste qu'entre les deux éditeurs, dont l'échange épistolaire prolonge la quotidienne conversation, le dialogue ne fut pas toujours aisé ; ils s'opposèrent sur la question de la vocation, de l'indépendance et du renouvellement de la revue, puis, au soir de leur vie, finirent par s'éloigner. Mais de Malraux à Gracq, de Sartre à Sollers, de Caillois à Blanchot, comme de Supervielle à Audiberti, c'est toutefois la littérature et son dévoilement critique qui forment le seul horizon de cet exceptionnel dialogue, les deux hommes s'attachant, derrière une même enceinte, à leur oeuvre éditoriale commune.
La correspondance entre Jacques Rivière et Gaston Gallimard est l'histoire d'une amitié aussi improbable que surprenante. Elle commence avec leur rencontre à La N.R.F. N.R.F., en 1911 : Jacques Rivière venait d'être nommé secrétaire de la revue (il en sera le directeur de 1919 à 1925) et Gaston Gallimard cofondateur des Éditions de la N.R.F. (il en deviendra le gérant, puis le directeur). L'affection s'y exprime sans ambages. Ni la séparation due à la guerre, pendant laquelle la revue cesse de paraître, ni les conflits avec ses fondateurs lors de sa reparution en 1919 ne l'interrompent. Elle s'achève avec la dernière lettre de Rivière, le 13 septembre 1924, cinq mois avant sa mort, le 14 février 1925.
Les lettres de Jacques Rivière et de Gaston Gallimard nous font témoins des origines et du développement de La N.R.F. et de ses Éditions. Elles résument la brève carrière de Rivière, romancier, critique et essayiste, et les débuts de celle de Gallimard dans l'édition. Elles sont peut-être plus précieuses encore quand elles éclairent la personnalité de deux hommes venus d'univers si éloignés qu'ils peuvent paraître antinomiques, mais qui, tous deux, font coïncider leur entreprise avec ce que la littérature de leur temps compte de meilleur.