" Les romans contemporains n'ont que trop souvent généralisé - en l'affadissant parfois à l'extrême - un concept du Basque rêveur, mélancolique, idéaliste, esclave absolu du devoir et des traditions ancestrales. La meilleure de ces oeuvres, la plus vraie quoi qu'on en ait dit, demeure la première parue : Ramuntcho. Compte tenu du côté romanesque ou pour mieux dire poétique, Loti a fort bien vu plusieurs traits dominants de l'âne basque : alternance de gravité fière et de gaieté naïve, dignité et retenue dans les rapports sociaux, fervent attachement au passé, enfin puissance de la foi religieuse maîtrisant les forces profondes d'un atavisme primitif plein de violences... "
Avec " Les Désenchantées ", Pierre Loti mêle, en une exquise alchimie, réalité et fiction. Dans le mystérieux chassé-croisé de l'intrigue, Loti, le nostalgique de l'Empire ottoman, prend la défense de la femme turque et plaide pour son émancipation.
Mais avant tout lisez " Les Désenchantées " comme un vrai roman d'aventure et d'amour... Au début du XXe siècle, un écrivain français déjà célèbre occupe un poste diplomatique à Istambul. Une jeune femme de la haute société turque et deux de ses amies entrent secrètement en contact avec lui. Entre ces admiratrices voilées, prisonnières d'un mode de vie ancestral et l'auteur captivé se met en place un jeu relationnel subtil et violent où émotions et sentiments parfois contradictoires s'expriment dans un décor envoûtant.
Entrez dans ce monde chimérique avec harems, amours impossibles et mort inéluctable.. Ce mélange d'ingrédients fit, à sa parution en 1906, le succès du livre, l'un des plus connus de son auteur. Le lecteur y retrouvait le charme insidieux des couchers de soleil sur le Bosphore, les promenades en caïque aux Eaux-Douces d'Asie et les incomparables évocations d'Istambul, la ville tant aimée. à cette douce magie orientale, s'ajoutaient les destins tragiques de femmes éprises de modernisme, de liberté d'apprendre, d'agir et d'aimer.
Tout à la fois ancrée dans son époque et annonciatrice de recherches littéraires contemporaines (personnages en quête d'auteur, roman dans le roman, mélange du " je " et du " elles "), cette oeuvre fascinante est aussi un livre étonnamment moderne qui pose sur les débats actuels un regard aigu et leur apporte une saveur inattendue.
Avec une préface de Bruno Vercier et d'Alain Quella-Villéger
Vies de deux chattes , est l'histoire de deux chattes de Pierre Loti, Moumoutte blanche et Moumoutte chinoise. « Les deux chattes dont je vais conter l'histoire s'associent dans mon souvenir à quelques années relativement heureuses de ma vie. Qu'on me pardonne de les appeler l'une et l'autre « Moumoutte ». D'abord je n'ai jamais eu d'imagination pour donner des noms à mes chattes :
Moumoutte, toujours ; et leurs petits, invariablement : Mimi. Et puis vraiment il n'existe pas pour moi d'autres noms qui conviennent mieux, qui soient plus chat que ces deux adorables : Mimi et Moumoutte. Je garderai donc aux pauvres petites héroïnes de ce récit les noms qu'elles portaient dans leur vie réelle. Pour l'une : Moumoutte Blanche. Pour l'autre : Moumoutte Grise ou Moumoutte Chinoise. »
Aujourd'hui 22 novembre, tandis que je suis là seul, à ce point extrême où finit la France, assis sur ma terrasse qui regarde l'Espagne, l'âme du Pays basque pour la première fois m'apparaît. Il fait idéalement beau; sur la Bidassoa, sur les Pyrénées, sur la mer, partout règne le même calme infini. L'air immobile est tiède comme en mai, avec pourtant cette insaisissable mélancolie de l'arrière-automne, indiquant à elle seule que l'année s'en va. La mer, au loin, luit comme une bande de nacre bleue. Il y a des teintes méridionales, presque africaines, sur les montagnes, qui se découpent au ciel avec une netteté absolue, et qui sont vaporeuses cependant, noyées dans je ne sais quoi de diaphane et de doré. La Bidassoa, à mes pieds, inerte et lisse, reflète et renverse avec une précision de miroir le vieux Fontarabie d'en face, son église, son château fort, roussis par des centaines d'étés; reflète et renverse toutes les arides montagnes avec leurs moindres plis et leurs moindres ombres, même leurs plus petites maisonnettes, çà et là éparses, blanches de chaux sur ces grands fonds roux. Alors, tout à coup, tandis que je suis là seul devant ce décor que semble endormir le morne soleil, écoutant sonner les vieilles cloches ou vibrer dans le lointain les vieilles chansons, je prends conscience de tout ce que ce pays a gardé au fond de lui-même de particulier et d'absolument distinct. PIERRE LOTI
" Tout récemment, un soir de ce dernier mois de mai, à la fenêtre de mon cabinet de travail, je regardais la belle lumière s'éteindre peu à peu sur notre quartier tranquille, sur les maisons toujours connues d'alentour. Les hirondelles, les martinets, après des tournoiements et des cris de joie effrénée, intimidés maintenant par l'ombre, avaient fait silence tous en même temps, comme au signal d'un chef...
Une senteur de jasmin m'arriva tout à coup des jardins du voisinage, - et alors je songeai au passé...
Sans doute, grâce à l'immobilité des petites villes de province, ce quartier placé sous mes yeux n'avait dû guère changer depuis l'époque antérieure qui maintenant préoccupait mon imagination. Restée la même aussi, cette vieille maison qui nous fait vis-à-vis et où jadis une de mes grands-mères habitait. Et l'obscurité aidant, je m'efforçai, avec toute ma volonté, de me figurer que les temps actuels n'avaient pas encore commencé d'être ; que la date de ce jour était plus jeune de soixante ou quatre-vingts années...
Cela donnait tout à coup un charme de plus frappante vérité à cette replongée dans le temps et cela jetait sur cette revue de choses effacées une mélancolie encore plus indicible... " Pierre Loti Le nom, la vie et l'oeuvre de Pierre Loti (Rochefort, 1850 - Hendaye, 1923) évoquent l'évasion vers l'Orient, l'exotisme et les amours lointaines, mais aussi la Bretagne, le Pays basque et bien sûr le Pays charentais.
Son attachement pour son pays natal et son atmosphère lumineuse ou mélancolique, pour sa maison de Rochefort, amarre sécurisante pour le marin qu'il était, lui a inspiré ces pages, réunies dans ce volume, parmi les plus belles de son oeuvre.
Si le nom, la vie et l'oeuvre de Pierre Loti évoquent l'évasion vers l'Orient, l'exotisme et les amours lointaines, mais aussi le Pays charentais ou le Pays basque, la Bretagne a inspiré à Pierre Loti (Rochefort, 1850 - Hendaye, 1923), avec « Mon frère Yves » ou « Pêcheur d'Islande », certaines des plus belles pages de son oeuvre. Cette anthologie rassemble les principaux textes bretons de Pierre Loti (1850-1923) : « Un Vieux », « Veuves de pêcheurs », précédé d'« Une lettre en faveur des pêcheurs d'Islande », « L'oeuvre de Pen-Bron » et « L'oeuvre de mer ».
Le marin Pierre Loti resta profondément attaché à ce pays de sa jeunesse, et à ses amis les pêcheurs.
Ne lança-t-il pas une souscription nationale après la disparition en mer de deux navires d'« islandais » ?