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Prix
Jean Grosjean
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D'abord il y avait le langage, écrit Jean (I, 1-18). Il pense que son texte évangélique, ou les textes évangéliques tels qu'il les recentre, sont nécessaires mais suffisants pour qu'à chaque génération soit atteint le fond des coeurs. L'élan de vie hors de soi (appelé aussi amour parce que, comme le langage, il suppose quelque autre) est le mouvement même du langage et sa vertu illuminatrice. Il faut mais il suffit que, à chaque génération, ce mouvement s'avance à travers le texte évangélique au-devant du simple fond d'âme de chaque être humain. Le livre de Jean Grosjean semble le fruit de la réflexion de tout une vie sur les mots de l'évangéliste. Il nous l'offre pour nous aider à recevoir cette illumination du langage.
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«Jésus marchait sous les étoiles. Il ne se réhabituait à vivre qu'avec précaution. Il ne fréquentait encore que des tombes et son passage en réveillait les hôtes. Si insignifiants qu'ils aient été, ils avaient eu son expérience du naufrage. Ils se levaient prêts à lui faire escorte, mais il les congédiait gentiment, les laissant empotés dans leur résurrection. Beaucoup par une vieille habitude ou pour retrouver leur veuve et leur orphelin voulurent aller en ville, mais les portes étaient fermées et ces revenants qui pouvaient traverser les murs ne l'osaient pas. Ils gardaient dans les replis d'âme le respect de la matière et piétinaient désoeuvrés le long du rempart.»
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Les peuples du Proche-Orient ont-ils inventé la culture aux deux sens du mot? Ils ont en tous cas su en vivre les exigences et en éviter les impasses en palliant chaque inconvénient par des solutions originales. Par exemple la notion d'histoire engendra celle de patrie comme terre de la vie supérieure, mais toute patrie est fragile et peut tomber dans la gueule des porcs (nous en savons quelque chose). Ézéchiel invente alors de susbtituer le livre à la patrie. Le livre saint n'a pu remplacer la Terre Sainte efficacement que grâce à la pléiade des prophètes d'Israël et de Juda. L'originalité absolue de leur ton a permis la Bible. C'est autour d'eux qu'elle s'est constituée, à cause d'eux qu'elle eut le destin qu'on sait. Ailleurs qu'en eux, elle est plus facile à minimiser qu'à défendre. S'ils sont actuellement ce que les Français non-hébraïsants en connaissent le plus mal, c'est sans doute parce que les traductions et leurs lecteurs ont oublié que la parole s'entend. Voici un essai de rompre ce mur de silence, de transmettre vers par vers le mouvement des grandes paroles prophétiques. Le traducteur a tenté de sauver le rythme le plus qu'il a pu, et quelque chose des allitérations. Si la langue française dispose de moyens encore faibles, si elle est plus riche de particules que d'accents et de gutturales, du moins s'est-elle assez affranchie de la rhétorique gréco-latine pour aller à la rencontre d'une profération sémitique. Ceci est bien davantage qu'une nouvelle traduction des textes prophétiques de la Bible. Jean Grosjean est parvenu à rendre en poésie française la poésie hébraïque. Qu'il s'agisse du Cantique de Débora, d'Ézéchiel, d'Habacuc ou de Job, les rythmes et l'ampleur auxquels il atteint ont la sonorité même d'une poésie première. On pense à l'admirable authorized version d'Angleterre, et à certaines belles traductions françaises du XVII? siècle. On a enfin le sentiment d'avoir affaire à une poésie millénaire.
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Arrêté comme rebelle, amené devant Pilate, Jésus, pour la première fois, s'est trouvé en face d'un homme sans préjugés. Avant, il n'avait eu affaire qu'à des disciples ou des ennemis. Par des dialogues, des méditations, des paysages, Jean Grosjean nous fait pénétrer dans la complexité de cet Orient qu'il connaît si bien. Entre le procurateur romain, son épouse, le grand-prêtre Caïphe, le bédouin Malchos, Hérode qui a peur de tout, se noue une partie que l'Occidental ne peut que perdre. Son jour de pitié aura été son jour de défaite. Tibère, qui, quelques années plus tard, va destituer Pilate, et va refuser de lui donner un nouveau poste, lui dira : «Ils t'ont rendu fou.» Au terme de ce roman, ou de ce drame, nous commençons à entrevoir pourquoi, pour l'Église éthiopienne, Pilate est un saint.
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« ... À travers l'obscurité du ramage choral et les relents d'une ferveur de foule, Samson, malgré ses paupières d'aveugle, s'est mis à voir tourner un vol d'étourneaux au fond d'un ciel immense. Il sentait passer une fraîcheur d'air mêlée d'une odeur de scabieuse et il s'est à peine aperçu que se dérobaient sous ses mains les deux piliers centraux sur lesquels elles s'étaient appuyées. Le roulement de tonnerre dans lequel se sont culbutés Dagon, son temple et ses fastes a semblé fort lointain à Samson qui n'entendait déjà plus que les pas du jardinier galiléen dans des frémissements d'herbe.»
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Kleist et Wilhelmine, sa fiancée qui aimerait que la vie soit simple. Kleist et Ulrike, sa demi-soeur qu'il désespère. Kleist et Ernst von Pfuel, l'ami le plus proche. Kleist et Marie, l'épouse d'un de ses cousins. Kleist et celle qu'il baptise Henriette, et qui l'entraîne dans la mort... Kleist et son orgueil, son esprit affamé qui veut «tout sacrifier à la beauté intérieure». Quel extraordinaire portrait, en quelques dialogues! «Je vois l'âme du monde derrière ses masques», dit-il. Mais il ajoute:«Derrière cette âme, il y a une pureté.» L'absolu, Kleist semble prêt à le prouver par la preuve ontologique. Il assure qu'il n'aurait pas soif, si l'eau n'existait pas. Dans les brèves scènes campées par Jean Grosjean, apparaît aussi une certaine idée de la Prusse, que nul n'incarne mieux, paradoxalement, que le lieutenant Heinrich von Kleist, qui n'avait pas supporté l'armée. Cette Prusse, nation idéale, n'a pas de natifs. «Elle est faite de ceux que fascine l'abnégation.»
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Le nouveau venu Tant de jours discourtois m'ont si vite tourné le dos sans un au revoir. Et te voilà qui cherches à te faire reconnaître. Je ne te prêtais guère attention, mais les autres sont partis. Tu te tiens debout, sans un mot, contre le montant de la porte à regarder l'herbe du seuil fléchir sous le passage de l'air.
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«Adam s'est figuré qu'il avait entendu bruire des paroles. Il a ouvert les yeux sur la luminosité d'un jardin. Des lueurs d'ombre se mêlaient à l'éclat des reflets. Il a tendu la main, il a touché une feuille de géranium et il en a senti l'odeur. Est-ce qu'une locomotive n'avait pas longuement sifflé dans la nuit d'un tunnel ? Est-ce que les débardeurs n'ont pas crié en langue inconnue ? Et on est jeté là. Adam s'imaginait un passé mais il respirait la présence d'une feuille. Il a regardé briller les buis et se pencher les roses. Des cailloux scintillaient sur le sol. Il a levé les yeux vers les frondaisons à travers lesquelles transparaissaient des fragments d'azur. Quand les doigts de la brise lui ont frôlé la joue, il s'est dressé mais elle était partie. Adam aussi seul que le Crusoé. Seul et pas seul à cause des bruissements de brindilles. Et puis il y avait cette lumière du soir dont parleront Moïse et Zacharie.»
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«Jadis campagnard il s'était fait marin et une fois noyé il avait refait surface. Soldat il avait mieux aimé n'importe quelle paix que n'importe quelle guerre et patriote il avait passé à l'ennemi. Tacite il avait été éloquent, efficace il avait haï de réussir et maintenant, écoeuré, il prenait goût à la vie. Jonas qui avait cru se retirer dans le vestibule de la mort s'était enfermé dans la fraîcheur de source du Dieu. Jonas n'a pas fini de nous poser des énigmes : Ce qu'il avait fait ou subi de mauvaise grâce était devenu un signe à déchiffrer.»
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« Les poèmes qui composent ce recueil ont paru en 1897, insérés dans divers chapitres de La Reine de Saba. Certains avaient été publiés dans la NRF de mai 1982 à déc. 1983. Il nous a paru qu'une édition en ensemble autonome pouvait en favoriser le parfum, en accentuer le ton ; était par là même justifiée. Jean Grosjean a bien voulu y consentir. » Gaspard Olgiati (fondateur des Editions Babel).
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Lecteur «Les arbres se taisent dans le brouillard avec leurs bras ballants qui s'égouttent comme de grands oiseaux déçus. Les feuilles mortes par terre ne disent plus rien non plus. Elles ont assez jasé tout l'été en haut des branches quand les zéphyrs les visitaient. Et là-bas, le long des rues désertes, les façades des maisons sont vouées aux halos des lampadaires, mais dans les intérieurs les gens dorment déjà ou dînent encore. Quelqu'un lit dans une chambre sans avoir fermé les rideaux et le brouillard le voit à travers la vitre, mais ce brouillard ne sait pas qu'il voit le lecteur et le lecteur ne sait pas qu'il est vu à travers la fenêtre. Le lecteur est penché sur un texte qui le regarde et il se laisse regarder par les phrases silencieuses. Elles ne s'impriment pas en lui, elles le pétrissent, elles se font l'âme de ses instants.[...]»
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La gloire ; apocalypse, hiver et élégies
Jean Grosjean
- Gallimard
- Poésie Gallimard
- 29 Mai 1969
- 9782070301300
«Dieu ne vivrait pas sans ce bond hors de soi dont l'élan fait l'espace. Dieu ne se contente pas d'être Dieu, il crée pour exister le vide où il se jette. Ainsi, dès le principe, y a-t-il délai et distance, de quoi permettre à Dieu d'être ailleurs qu'en soi, autre que soi. Dieu s'invente soi-même à ce prix. Le dieu se quitte pour vivre et surtout ne pas vivre à son insu, mais s'entendre, du fond de son absence, lentement revenir à soi sous forme nouvelle. Le dieu est un athée, il se nie, il n'a trouvé que ce moyen-là pour percevoir sa propre odeur qui remonte à lui de ses plus obscurs confins. C'est hors de soi que le dieu redevient soi, c'est devenu autre qu'il se voit devenir ce qu'il est. Telle est la lumière qui se lève en Dieu. Tout l'être du dieu se change en une tremblante clarté pareille aux frêles syntaxes des tribus humaines. Le dieu, parce qu'il s'est distrait de soi, voit du fond de sa distraction poindre la splendeur de sa pauvreté fondamentale.» [...] La Gloire, II.
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Après l'élimination de Cambyse, le lieutenant Darius est nommé roi. C'est l'hippomancie qui l'a désigné : son cheval a henni le premier. Le nouveau souverain va trouver au palais un étranger, déporté de Juda, Daniel. Cet homme, ce prophète, a déjà servi plusieurs rois comme conseiller : entre Darius et lui vont s'établir des rapports étranges. L'important, dans leur dialogue, c'est ce qui n'est pas dit. Daniel parle peu. «Comme tu sais te dérober quand tu te confies !» lui dit Darius. Pris au piège de ses propres décrets, Darius va être obligé de faire jeter Daniel dans la fosse aux lions. Mais on sait que les fauves royaux ont épargné le prophète. Darius retrouve avec bonheur les silences de son confident. Le roi, parfois, se montre aussi subversif que le prophète. «... les gens sont indifférents. Peu leur importe le gouvernant, ils le méprisent. Ils n'ont pas de haine, ils pensent seulement qu'un maître n'est maître que par tromperie ou cruauté. Régner est pour eux signe d'inintelligence.» Librement inspiré d'Hérodote et du livre de Daniel, jouant de l'anachronisme, ce récit nous apporte les renversements de perspective dont Jean Grosjean est coutumier : «Un boeuf ne sait pas que c'est le ciel qui tire la terre en sens inverse sous ses pieds et sous le soc.»
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Voici, issue du 1?? livre des Rois, l'histoire du prophète Élie. Roman d'aventures, poème, méditation philosophique ? En tout cas, un texte dont la magie de l'écriture ravive les couleurs d'une très vieille histoire. Élie le Tishbite, le terrible ennemi des rois, celui qui prédit à Jézabel que les chiens la dévoreraient, l'égorgeur de 450 prophètes de Baal, l'anéantisseur de cent soldats, le responsable de la famine et de la sécheresse, laisse oublier ici son visage de prophète en colère. Il est plutôt celui dont le Livre dit que Iahvé se manifeste à lui à travers «le son d'une brise légère». Élie, vu par Jean Grosjean, ne tue pas les faux prophètes. Il pleure. Il s'identifie aux saisons. Il vit dans «une permanente cascade d'instants». La voix de Dieu se fait pour lui murmures, musique, bruissement de feuilles. Par anticipation, il lui sera donné d'entendre la parole ultime : «Élie, Élie, pourquoi m'as-tu abandonné ?» Les pages de ce livre, l'image qu'elles nous donnent d'Élie, participent de «cette tranquillité où d'infimes événements dissolvent les millénaires».
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«Samuel s'est dégagé de ses visions. Il a repris sa marche jusqu'à heurter du pied une pierre tombale qui se désagrégeait à la lisière d'un bois parmi les anémones sylvies. Les tombes ne sont pas éternelles. La roche est aussi friable que la mémoire. Le peuple oublie mes prévoyances. Elles me lassaient, mais ils espèrent un assèchement du devenir. Rentrons leur dire que je m'occupe de la mise en chantier. La nation remplacera les tribus. Et je ne serai pas le plus puni.»
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Nous faire partager son bonheur de lire, tel est le défi de Jean Grosjean quand il nous propose de nous accompagner tout au long de ce texte poétique, mais difficile, obscur. Sa lecture, comme celle de tous les chrétiens à travers les siècles, recrée sans cesse le texte.L'écriture de l'Apocalypse est iconoclaste. «Elle se méfie des idées parce que ce sont des images usées qui s'intériorisent facilement et deviennent des idoles mentales. Elle leur préfère les images criardes, à condition qu'elles s'entre-détruisent : Je regarde le lion et je vois l'agneau ; il est debout comme quelqu'un d'égorgé.»Dieu donne ici à son Christ de nous montrer ce qu'il sait de Dieu. «Quant à ce Jean si magnifiquement surnommé esclave de Dieu, on s'aperçoit tout de suite à quoi il sert.» Son langage n'est rien d'autre que le témoignage de Jésus. «Ainsi ce langage de Dieu que Jean atteste est justement ce Jésus dont le rôle atteste Dieu.»Pour Jean Grosjean, l'Apocalypse de Jean ne nous invite pas à espérer la fin du monde libératrice. Elle tient au contraire à ne nous révéler que notre aujourd'hui.
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Mathématiques pour les physiciens et les ingénieurs
Klaus Weltner, Jean Grosjean, Wolfgang Weber, Peter Schuster
- De Boeck Supérieur
- Sciences De L'ingenieur
- 12 Août 2012
- 9782804169060
Cet ouvrage présente de manière progressive l'ensemble des concepts mathématiques avancés à la base de la physique et des sciences de l'ingénieur. Il se présente sous la forme de chapitres assez brefs ciblant chacun un aspect particulier, qui peuvent être abordés, si nécessaire, de manière indépendante, mais constituant, globalement, une construction cohérente et complète. L'ouvrage privilégie une approche concrète, basée sur de nombreux exemples empruntés à la physique et aux sciences de l'ingénieur. Il propose, pour chaque chapitre, de nombreux problèmes - de complexité croissante - dont les solutions sont données en annexe. Le CD-Rom interactif constitue un outil d'apprentissage permettant à l'utilisateur de vérifier sa maîtrise des concepts acquis.
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Une mélancolie d'arrière-saison imprègne ce livre mais s'y mêle à une ferveur encore plus profonde, engendrant avec elle une sorte de vibrante sérénité. Elle agit sur nous comme fait en automne l'odeur des pommes, auxquelles Jean Grosjean consacre ici des pages à la saveur inépuisable d'Eden. Les poèmes se promènent sans canne et sans chapeau dans la campagne, d'un pas mesuré qui s'accommode souplement des racines, des mottes, des ornières où le soir aligne ses petits feux de bivouac. Des oiseaux passent, et l'on sent battre sans cesse entre eux l'aile invisible du temps. Sans elle l'étendue serait moins vaste, et l'on serait moins chez soi, entre l'âtre éteint et la
haie éclaircie, de passage, à comprendre ce qu'on ne comprend pas, sous le ciel rayé de gris et de jaune pâle comme la pèlerine d'un dieu. -
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«Salomon s'est éclairé d'un long sourire. Il aimait les insurrections de la Sabéenne. Il avait été heureux d'être aimé au lieu d'être adoré. Balkis l'avait guéri des courtisans. Au lieu de dominer les êtres, il apprenait à être livré. Elle était une intervention du ciel, mais elle ne le savait pas. Elle était cause d'une conversion qu'elle ne voyait pas. Et à mesure que Salomon se simplifiait, elle le trouvait plus mystérieux. Rien de sombre ni d'opaque mais une naïveté déroutante. Cet homme parlait comme un jeune garçon...»
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Quelques années après Waterloo, quatre généraux prussiens : Clausewitz, théoricien, la quarantaine - Gneisenau, maréchal, la soixantaine (ancien chef d'État-Major de Blücher) - Tauenzien, même âge - et Zeiten, la cinquantaine (commandant les troupes prussiennes des territoires occupés) confrontent leurs raisons de vivre dans le village de Champagne où ils cantonnent.
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Lecture Le soleil derrière les arbres, l'ombre des feuilles sur la page, l'ombre de la phrase. Un souffle tourne la page, murmure autre chose. Un oiseau traverse l'air. Son image brouillée s'est prise entre les pieds des roseaux. (Extrait de Runes.)
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«Un soleil d'automne, jeune encore malgré sa fatigue. De son ongle il frappe à la vitre. Il voit tout ce qui est rangé dans la maison. Mais dehors le vent a mis un peu de désordre parmi les branches qui s'effeuillent. Ah souviens-toi de cette heure qui marchait lente entre les arbres et posait ses doux pieds sur leurs ombres. Déjà s'avançait entre les coteaux le vieux futur avec sa face de pluie pour nous lessiver l'âme. Les soirs blessés tombaient dans la rivière.» Jean Grosjean.
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«Qui ne fait connaître que le ciel sait ce qu'il fait.» Jean Grosjean, comme dans Le Messie, nous raconte des épisodes des Évangiles à sa manière, celle d'un poète et d'un homme de foi. On reconnaît, dans ces brefs chapitres, l'histoire du paralytique, ou la victime du haut-mal, ou encore les pourceaux, ou le maître dormant dans la tempête, puis marchant sur les eaux. Mais c'est comme ces vieilles fresques sur lesquelles on a repassé des couleurs. Tout est neuf et frais, baigné de soleil et d'ombre, luisant de rosée ou écrasé de chaleur. Le vent et la poussière, le blé, les rochers, les chardons, un églantier, des saules font que tout est neuf, tout appartient à aujourd'hui. Le maître parle peu. Souvent il est dur, plus souvent encore énigmatique, pour ceux qui ne savent pas comprendre les paroles de l'évidence. Quand ils rencontrent un cheval, ses disciples voient dans son oeil sombre «ce mélange de tendresse et d'effroi qu'ils ont dans le coeur». Le maître avait un camarade, qui meurt en son absence. Il le ressuscitera d'entre les morts. Mais le camarade remonte seul à la vie. Ce ne sera plus jamais comme avant.