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Mille Et Une Nuits
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« Elle parle, dans le désordre, des moutons écossais, de la lande écossaise, des chardons écossais, des mouettes écossaises, il accepte, bon gré mal gré, d'aborder avec elle ce thème nationaliste et agreste. Il l'écoute, la regarde, troublé. Tout en elle l'enchante, et notre héros s'en veut de cet enchantement qu'elle fait naître si aisément en lui, par son simple éclat, sans nul effort, et pire, sans même le souhaiter. Beaucoup sont tombés, tomberont sous son charme. Il ne lui reproche pas cette injustice, mais il en souffre. Il devine aussi que, quels que soient les efforts qu'il déploiera, lui ne l'enchantera pas. Ne jette pas un sort qui veut. » Je m'attache très facilement est le récit clinique de trois jours d'une Bérézina amoureuse. Un homme (« notre héros »), bientôt atteint par la cinquantaine, a décidé, sur un coup de tête, de rejoindre en Écosse sa jeune maîtresse (« notre héroïne »), de vingt ans plus jeune que lui. Sa visite n'est pas véritablement désirée. « Notre héros » s'en doute, mais rien ne l'arrête. La succession drolatique de ses mésaventures et déconvenues raconte, avec une belle énergie et un sens féroce de la dérision, la plus vieille histoire du monde, celle du fantasme d'amour et de son déni.
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Avancer vers la découverte de soi, énoncer les dispositions secrètes du moi, mettre à nu les mécanismes sentimentaux, expérimenter les ambiguïtés de la différence sexuelle, se débattre avec la tentation de l'absolu, voilà l'entreprise dans laquelle se lance Claude Cahun (1894-1954), dès 1919. Pour se mettre à l'épreuve et donner forme à son « aventure invisible », la nièce du romancier Marcel Schwob braque sur elle les deux instruments qui capteront les images et permettront leur savant montage : l'écriture et l'appareil photographique.
D'emblée, elle sait que l'introspection sous le régime de la confession est une stérile illusion, que la prise directe est impuissante à restituer la singularité de l'expérience. C'est au jeu des incarnations et des métamorphoses que le moi se dévoile et s'invente sans fin : « Sous ce masque, un autre masque. Je n'en finirai pas de soulever tous ces visages », écrit-elle.
Dans Aveux non avenus, livre achevé en 1928, l'artiste se met elle-même en scène, distribue ses propres rôles, provocants ou ironiques, idéalisés ou détestés, personnages mythiques, masculins et féminins, neutres ou inclassables. Cette oeuvre totale mêle aux photomontages, réalisés en collaboration avec sa compagne Suzanne Malherbe (dite Moore), des fragments de journaux intimes et de lettres, des poèmes, de la prose polémique, des considérations spéculatives.
Si Claude Cahun fascine tant depuis que son oeuvre a été redécouverte par François Leperlier au milieu des années 1980, c'est que l'on voit en elle un précurseur. Individualiste et rebelle, elle explore avec une audace inouïe et sans concession l'insaisissable identité et subvertit tous les genres.
Aveux non avenus, son livre majeur et méconnu, dit l'étrangeté radicale et l'irrépressible liberté d'être. -
Règles pour le parc humain ; domestication de l'être
Peter Sloterdijk
- Mille Et Une Nuits
- 10 Novembre 2010
- 9782755505740
En juillet 1999, en prononçant un discours sur Heidegger et sa Lettre sur l'humanisme, Peter Sloterdijk déclenche une vive polémique. Quel est l'objet du scandale ? Son constat : l'humanisme est mort en 1945. Si une nation ne repose plus sur une fiction politique, d'inspiration humaniste, pour souder ses citoyens, quelle gestion des hommes ? D'ailleurs, note le philosophe, la « domestication de l'être humain constitue le grand impensé face auquel l'humanisme a détourné les yeux depuis l'Antiquité » ; « le simple fait de s'en apercevoir suffit à se retrouver en eau profonde ».
Avec ses Règles pour le parc humain, Peter Sloterdijk incite à penser la condition humaine qui vient avec l'anthropotechnologie.
Quelques mois plus tard, il prononce à Paris un deuxième discours dans lequel il développe ses positions : La Domestication de l'Être. Il y poursuit sa réflexion sur les conditions et le mystère de l'irruption de l'humanité, et la voie que celle-ci peut suivre vers un apprivoisement d'elle-même.
PETER SLOTERDIJK, philosophe allemand né en 1947, est l'auteur d'une oeuvre importante, notamment : Sphères (I, Bulles ; II, Globes : macrosphérologie ; III, Écumes : sphérologie plurielle). -
Texte intégral En 1771, Denis Diderot rend visite au maréchal de France, Victor-François de Broglie : ce dernier étant absent, le philosophe s'entretient pendant plus d'une heure avec sa ravissante et très pieuse épouse : un vif débat sur les fondements de la foi et de l'incroyance s'engage. Le penseur se plaît à lui démontrer sur un ton badin qu'un athée est aussi largement doté de sens moral qu'un croyant. Publié sous une fausse attribution en 1777, cette parodie de dialogue socratique offre un vibrant plaidoyer en faveur de l'athéisme.
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La discorde ; israël-palestine, les juifs, la france
Alain Finkielkraut, Rony Brauman, Elisabeth Lévy
- Mille Et Une Nuits
- Essai Mille Et Une Nuits
- 25 Octobre 2006
- 9782842058128
On ne se parle plus, on s'invective. Depuis le début de la deuxièmeIntifada, en septembre 2000, le conflit israélo-palestinien etla question antisémite sont l'enjeu d'une véritable guerre civileintellectuelle. Sionistes contre pro-Palestiniens, dénonciateurs del'islamophobie contre contempteurs de la judéophobie : entre lesdeux camps, tous les ponts sont coupés. Aucune vérité ne peutémerger de la foire d'empoigne.
Emblématiques des positions qui s'affrontent, Rony Brauman etAlain Finkielkraut croisent parfois le fer dans l'espace médiatique,ils ne se parlent plus. Leur commune exigence de vérité lesconduira pourtant à accepter un pari difficile, renouer le fil d'undialogue authentique.
Au cours de leurs rencontres, entre septembre 2003 et août 2006,leur confrontation deviendra une conversation, tout en restant unediscorde. -
Il était vingt-trois heures quand Kléber et Sarah, qui venaient de se rencontrer, décidèrent de passer la nuit dans le fort d'Ambleteuse.
À cette heure-là, une bombe sale explosait à San Francisco.
À cette heure-là, un médecin du centre des maladies contagieuses d'Atlanta se suicidait en s'ouvrant les veines à l'aide d'un scalpel : il venait d'observer dans son microscope la dernière mutation du virus de la fièvre hémorragique de Marburg.
À cette heure-là, trois enfants entre neuf et treize ans, l'un à Rio, l'autre à Malmo, le dernier à Shanghai, étaient parvenus au niveau ultime de Dark Hostel. Ils étaient les premiers à réussir cet exploit sur ce jeu virtuel haut de gamme.
À cette heure-là, en France, les Forces spéciales, nouvellement créées sous l'égide secrète de l'Elysée et de quelques grandes entreprises privées, recevaient leur baptême du feu dans les quartiers nord de Marseille.
À cette heure-là, Kléber soupçonnait qu'il vivait le premier instant de la fin du monde. Désormais, sa ligne politique serait: "Encore une minute, monsieur le bourreau!" Pour vivre une dernière histoire d'amour, belle et cruelle, avec Sarah, pour fredonner les chansons du monde d'avant, pour déguster un dernier verre de cheverny, pour une dernière conversation avec la Kolkhozienne aux seins nus, pour contempler le ciel étoilé et la mer avant l'ultime échappée dans l'apocalypse totale... Né en 1964, Jérôme Leroy est romancier. Il est notamment l'auteur d'Une si douce apocalypse (Les Belles Lettres, 1999), Le déclenchement muet des opérations cannibales (Equateurs, 2006), Rêves de cristal (Mille et une nuits, 2006) et de Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine (Mille et une nuits, 2007). -
Comme un fauteuil voltaire dans une bibliothèque en ruine
Jérôme Leroy
- Mille Et Une Nuits
- 2 Mai 2007
- 9782755500080
« - Mais, vois-tu, il y a trente ans, quand j'étais petit garçon, si l'on m'avait dit que j'allais vivre dans un monde où l'on risque sa peau en mangeant, en se baignant, en faisant l'amour, un monde où il faut accepter de porter des masques certains jours, où la fête est devenue une obligation, un monde où l'on bombarde ses propres banlieues, où l'eau manque, où l'on ne peut plus jamais être seul sans avoir l'air suspect de maladie mentale, où vouloir faire un enfant à une femme en entrant en elle est devenu obscène, alors, tu vois, j'aurais dit à ce type que j'aimais bien la science-fiction, mais que, là, il y allait tout de même un peu fort. Qu'il n'était pas crédible... On supporte tout ça parce que ce n'est pas arrivé d'un seul coup, mais à doses homéopathiques, mois après mois, année après année. En fait, la catastrophe est lente, Agnès, terriblement lente. C'est une fin du monde au ralenti. Tu comprends ?
- Je crois, oui. Hélas, je crois que je comprends. » -
« Rome avait grandi très vite, avec une rapidité que les Romains ne se lassèrent jamais d'admirer, et non sans raison. Ils avouaient bien qu'au début Romulus ne s'était pas embarrassé de scrupules, mais faut-il chicaner un politique lorsqu'il prépare quelque chose d'aussi grand que Rome ? »Pierre Grimal s'attache à raconter, comme un roman, l'incroyable fortune de la Ville : de sa fondation mythique à la décadence de l'Empire, en passant par la vie du royaume et les grandes heures de la République. Sa compréhension profonde de l'esprit romain fait de nous les témoins de l'évolution de ce monde. Nous pénétrons les motivations tant politiques que philosophiques ou religieuses des hommes qui ont fait son destin. Nous assistons à la naissance et à l'épanouissement de la littérature et de l'art, au développement de l'urbanisme qui firent de Rome la capitale du monde.L'originalité du texte inédit tient, outre sa valeur scientifique, à son style extrêmement clair, vivant et poétique.Pierre Grimal, disparu en 1996, fut membre de l'Ecole française de Rome. Professeur de littérature latine à Paris-Sorbonne, membre de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles Lettres), nommé par la Ville de Rome « cultore di Roma » (citoyen de Rome) en 1993, il a donné de nombreuses traductions des classiques. Il est notamment l'auteur du Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine (PUF, 1951), de Cicéron (Fayard, 1986), de Marc Aurèle (Fayard, 1991) et de La Littérature latine (Fayard, 1994).
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« La nuit, Giacometti prenait ses quartiers dans des bars de Montparnasse. Chez Adrien avait sa préférence pour la jovialité des filles. Parmi celles-ci, il y avait Ginette et Dany, des demoiselles simples, un rien débauchées. Elles lui donnaient avec respect du monsieur Albert. Un soir, il n'avait pas tout de suite remarqué la petite dernière qui se prénommait Caroline. Elle se différenciait des autres par un éclat certain et un naturel désarmant. Elle était aussi beaucoup plus jeune, vingt ans à peine. Alberto et Caroline ne se quitteront jusqu'à la mort de l'artiste. Ils vivront un amour fou, un amour noir. Elle deviendra sa muse et son dernier modèle. »Franck Maubert a rencontré Caroline à Nice. Dans son dernier roman, il restitue son histoire inédite qui dévoile une face méconnue des dernières années de l'artiste.
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Alors le noir et le blanc seront amis ; carnets de mission (1946-1951)
Jean Rouch
- Mille Et Une Nuits
- Essai Mille Et Une Nuits
- 13 Novembre 2008
- 9782755500769
En octobre 1946 - après un cruel congé guerrier -, Jean Rouch embarque avec deux amis, comme lui jeunes ingénieurs des Ponts et Chaussées, sur un radeau fabriqué par leurs soins à la source du Niger. Les trois hommes seront les premiers à réussir l'exploit, tenté avant eux par Mungo Park, de descendre les 4 200 kilomètres du grand fleuve de sa source jusqu'à son embouchure. La « belle promenade » de huit mois scelle le destin de Jean Rouch : le cours du fleuve lui dévoile tout un monde qu'il n'aura de cesse ensuite, devenu ethnologue et cinéaste, d'explorer. Dès les années suivantes, il met sur pied deux autres missions pour pénétrer les «mystères et la poésie des hommes du Niger ». Au pays des mages noirs, des Songhay, des pêcheurs sorko et des danseurs possédés par les dieux, l'aventure est avant tout humaine. Il ne sera jamais un « savant aux yeux secs ». Il a trouvé sa méthode : indépendant, il mène ses études d'«homme à homme», tel un étranger venu « le plus humblement possible, c'est-à-dire le plus amicalement possible ». Et ses compagnons africains seront ses meilleurs alliés dans son travail scientifique.
Alors le Noir et le Blanc seront amis est le récit des trois premières missions de Jean Rouch, de 1946 à 1951, publié en 1951 dans le journal Franc-Tireur, jamais repris en volume.Jean Rouch (1917-2004) est l'un des grands ethnologues du XXe siècle. Arrivé en 1941 à Niamey (Niger) comme ingénieur pour construire des routes, il publie en 1943 dans Notes africaines un « Aperçu sur l'animisme songhay ». Au lendemain de la guerre, il fait sa thèse avec Marcel Griaule et entre au CNRS en 1953. Son oeuvre cinématographique, fondée sur ses recherches, est très vite reconnue dans le monde entier : Initiation à la danse des possédés (1949), Les Maîtres fous (1957), La Chasse au lion à l'arc (1965) sont primés à Biarritz et à Venise. Jean Rouch a disparu le 18 février 2004 dans un accident de voiture au Niger. Après des funérailles nationales et rituelles, il repose au bord du fleuve. -
Février 1916. Dans un bled du Djurdjura, Mohand Akli, insouciant berger kabyle, se prélasse dans l'ombre d'un figuier. Au loin, de l'autre côté de la Méditerranée, la bataille de Verdun fait rage. Qui pourrait voir en lui l'homme de la situation, celui qui va voler au secours de la France ? Mohand Akli n'en croit pas ses yeux, mais c'est bien tout un cortège d'illustres personnages, Jeanne d'Arc en tête, qui défile devant lui pour l'implorer d'intervenir. Quand il apprend que les Pieds Nickelés sont au front, alors il n'hésite plus. À moins qu'il n'ait été mobilisé de force...
En nous racontant l'histoire fabuleuse du poilu Mohand Akli qui quitta son pays natal pour reprendre le fort de Douaumont, Aziz Chouaki convoque, avec beaucoup de fantaisie et d'humour, la mémoire des coloniaux, ces soldats d'Afrique engagés dans l'épouvante de la Grande Guerre.
Romancier, dramaturge et musicien, Aziz Chouaki vit en France depuis 1991. Il se fait connaître par son récit Les Oranges (Mille et une nuits, 1998), mis en scène à de nombreuses reprises, et poursuit un travail d'écriture pour le théâtre : Une virée, El Maestro, Le Tampon vert. On lui doit aussi trois romans : L'Étoile d'Alger, Aigle et Arobase. -
Génie et alcoolique précoce, Musset livre l'essentiel de son oeuvre avant trente ans. Ensuite, il sombre. Son nom n'aurait probablement pas traversé deux siècles si, un beau jour de 1834, il n'avait décidé d'écrire une pièce de théâtre intitulée Lorenzaccio.
Faites le test. Demandez autour de vous : « Musset ? » On ne vous répondra pas : « Qui ? » Ni même : « Quel ennui ! », mais : « Lorenzaccio ». Pourquoi un tel succès ? Parce que cette pièce écrite avec du sperme est d'un érotisme torride. Elle ne parle quasiment que de sexe et, quand elle ne parle pas de sexe, elle parle de sang, de violence, de fantômes au clair de lune et de la douceur de vivre perdue. Catherine Dufour nous emmène sur les traces moites de Lorenzo de Médicis tel que l'a rêvé Musset.
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La balafre ; à la jeunesse désireuse...
Pierre Legendre
- Mille Et Une Nuits
- 7 Mars 2007
- 9782842058913
« À l'âge de ceux auxquels je m'adresse aujourd'hui, je vivais la perplexité du jeune étudiant devant l'Himalaya des savoirs. Je pris le parti de jouer à la loterie. Et la roue du destin s'arrêta sur une case qui ne manquait pas d'être énigmatique : « Droit ».
Ainsi commença ma navigation, par l'apprentissage juridique, lequel en ce temps-là, comme je le découvris par la suite, était une voie, si je puis dire royale, pour entrer dans la compréhension de la civilisation industrielle enfantée par l'Occident. La bonne fortune aidant, je tombai un jour sur la dédicace de l'empereur Justinien en introduction à ce manuel de droit romain si célèbre dans l'histoire de la culture européenne, appelé « Institutiones » : « À la jeunesse désireuse des lois » (« Juventuti cupidæ legum »). Cette amicale formule m'est devenue inoubliable.
De ces premiers mots, que je reçus alors comme un emblème, je fais ici matière à la réflexion, pour remettre en honneur le désir de savoir, que menace d'ensevelir, de tout temps, le bourrage de crâne, mais aussi, à notre époque, son inverse symétrique, c'est-à-dire la vacuité promue au nom de la circulation des connaissances. D'où mon adresse : À la jeunesse désireuse...
Mais que veut dire désirer savoir ? »
P. L.
La Balafre est le texte de la conférence prononcée par Pierre Legendre sur le savoir et l'ignorance, en octobre 2006, devant des élèves de classes préparatoires, au lycée Louis-le-Grand à Paris.
" Les Quarante Piliers ", une collection d'ouvrages pour rappeler au lecteur la structure oubliée par le monde occidental, dans la perspective de l'Anthropologie dogmatique développée par Pierre Legendre. -
La pensée de Michel Foucault désoriente : considérée parfois comme celle d'un philosophe, parfois encore comme celle d'un historien ou d'un critique de la culture, elle ne cesse de déplacer ses choix méthodologiques, ses champs d'enquête et son outillage conceptuel ; elle surprend par la beauté de son écriture ; elle irrite aussi, car ce voisinage avec la pratique littéraire et le dehors de la philosophie dérange.
Que se passe-t-il alors quand, au lieu d'exiger une identification, un positionnement ou une déclaration d'allégeance à tel ou tel courant, on prend pour guide cette apparente discontinuité des thèmes, des approches et des instruments ? Quand on fait le pari qu'il s'agit de lire derrière l'éparpillement de la recherche une véritable pensée du discontinu, un travail philosophique exigeant, sans cesse relancé, sur l'exigence de la pensée et la problématisation de l'actualité.
Il s'agit alors de reconstituer la trame complexe d'une cohérence difficile et forte, qui traverse trente ans de pratique philosophique, et nous enjoint à notre tour de tenter cette « ontologie critique de nous-mêmes » dont Foucault demeure l'exemple à la fois le plus remarquable et le plus émouvant.Judith Revel est maître de conférences à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne et membre du Centre Michel Foucault. Philosophe, italianiste et traductrice, elle est spécialiste de philosophie contemporaine et s'intéresse aux représentations de l'histoire dans les théorisations politiques. Elle travaille en particulier sur la manière dont la réflexion philosophique se pose la question de l'actualité. -
« En ce début de XXIe siècle, en Occident, la folie sociale a pris un nouveau nom, celui d'ÉVALUATION. » Le mot essaime partout. Il est à la fois le dispositif et le symptôme d'un mode de contrôle social contemporain particulièrement dangereux.
La société occidentale demande maintenant à ceux qu'elle missionne, dans tous les domaines d'activité, de lui rendre des comptes - ce qui paraît très légitime -, mais en faisant de cette exigence un instrument de normalisation généralisée. On sait quel malaise cela génère. Il ne s'agit en fait pas tant de « rendre compte » que de s'en trouver, par ce biais, asservi.
Les auteurs examinent le processus en cours. La « machine évaluative », alors même qu'elle donne de nombreux signes d'essoufflement, continue pourtant à se développer, et les tentatives effectuées tant pour la dénoncer que pour tenter d'en limiter les effets délétères n'amènent pour l'instant qu'à la renforcer. Les agences d'évaluation, diverses et variées, constituent aujourd'hui la nouvelle manière de donner des ordres et de faire de la politique sans en avoir l'air.
Le contrat social de la démocratie est bel et bien entamé, si ce n'est rompu par cette forme de dictature que sont les chiffres : chiffres que l'on fait croire « évidents » et « naturels », alors même qu'ils se déduisent des rapports de force sociaux et symboliques. Il faut réinterroger la notion de « valeur » pour combattre efficacement l'évaluation.Alain Abelhauser, Roland Gori et Marie-Jean Sauret, sont tous trois psychanalystes, professeurs de psychopathologie à l'université, et membres du collectif l'Appel des appels. Ils ont notamment participé à la publication de l'ouvrage L'Appel des appels. Pour une insurrection des consciences (Mille et une nuits, 2009). -
Un idéologue du génocide rwandais ; enquête sur Ferdinand Nahimana
Hervé Deguine
- Mille Et Une Nuits
- 25 Août 2010
- 9782755501490
« Si je suis en prison, c'est à cause de vous. Mais c'est aussi à cause de vous que je suis encore en vie. » Ainsi parle Ferdinand Nahimana d'Hervé Deguine, le journaliste qui a enquêté et réuni des pièces sur lui. L'homme purge sa peine de trente années de prison, depuis que le Tribunal pénal international pour le Rwanda l'a condamné en 2008 pour « incitation directe et publique à commettre le génocide ».
Qui est Nahimana ? En France, son nom est associé à la Radio télévision libre des Mille Collines (RTLM), dont il est l'un des fondateurs en 1993. Il a contribué à organiser la propagande du président Juvénal Habyarimana, dont il est un fidèle partisan. Après l'attentat du 6 avril 1994 contre le chef de l'État rwandais, tandis que le pays sombre dans le chaos et que les extrémistes hutu perpètrent le génocide des Tutsi avec l'aide de RTLM, Nahimana rejoint les rangs du gouvernement intérimaire.
Chargé de l'Afrique à Reporters sans frontières, Hervé Deguine dénonce, dès 1993, la montée des médias extrémistes au Rwanda. Convaincu de la responsabilité de Nahimana, il collabore avec le TPIR pour faire arrêter celui qui passe pour le « théoricien de l'extermination » des Tutsi, une sorte de « Goebbels rwandais ».
Comme tous ceux qui ont vécu cette période tragique, il souhaite que justice soit faite. Mais l'enquête indépendante qu'il a poursuivie en parallèle à celle du TPIR, pendant près de quinze ans, l'amène à formuler de sérieux doutes sur la plupart des accusations portées contre Nahimana...
Ce livre est la première biographie d'un condamné du Tribunal pénal international pour le Rwanda.Hervé Deguine est historien et journaliste. Il a été directeur de la recherche et secrétaire général adjoint de Reporters sans frontières. -
Le point fixe ; nouvelles conférences
Pierre Legendre
- Mille Et Une Nuits
- Les Quarante Piliers
- 3 Novembre 2010
- 9782755505849
Pierre Legendre Le Point fixe Nouvelles conférences « Le Point fixe - métaphore aéronautique - rassemble trois conférences prononcées en 2009, dans la perspective d'une réflexion sur l'architecture dogmatique des sociétés. Pour entrer dans ce champ de recherches, il est nécessaire de revenir vers l'Occident, traité ici à l'instar des civilisations qui se sont développées en dehors de la matrice judéo-romano-chrétienne. Étudiant le noyau dur de la construction anthropologique euro-américaine, je propose un parcours en trois temps qui, partant d'une mémoire juridique plus de deux fois millénaire, aboutit au panorama des apports théologiques et politiques du christianisme à la domination planétaire occidentale.
Entre ces deux pôles, un exposé intermédiaire examine l'exigence logique à laquelle l'espèce parlante est assujettie depuis la préhistoire et sans discrimination géographique : l'impératif universel d'interpréter. Une préface méditative considère ce vaste horizon et rappelle aussi l'élément à ne jamais oublier, une composante des civilisations : l'agressivité. » P. L.«Les Quarante Piliers», une collection d'ouvrages pour rappeler au lecteur la structure oubliée par le monde occidental, dans la perspective de l'Anthropologie dogmatique développée par Pierre Legendre. -
Birmanie ; des moines contre la dictature
Claude b. Levenson, Jean-claude Buhrer
- Mille Et Une Nuits
- 21 Mai 2008
- 9782755500554
En septembre 2007, dans plusieurs villes de Birmanie, des cohortes de moines ont défilé en rangs serrés sous un soleil ardent ou une pluie battante, à la stupeur de la junte au pouvoir depuis 1962. En faisant la grève des offrandes - c'est-à-dire en refusant de recevoir leurs oboles et donc de les absoudre -, les bonzes protestaient pacifiquement, au nom du peuple opprimé contre la dictature, et défiaient ouvertement les militaires. À la mode bouddhiste. Le 27 septembre, le régime a choisi de leur répondre en faisant parler les armes : monastères et pagodes furent « nettoyés » par une répression brutale.
Pourquoi, dans ce pays singulier rebaptisé Myanmar, les moines sont-ils soudain apparus comme l'ultime recours contre l'injustice sociale et l'incurie des militaires ? Pourquoi la grève des offrandes s'est-t-elle révélée une arme politique ? Comment l'opposition démocratique s'organise-t-elle autour des bonzes ?
Il se joue un curieux bras de fer autour de la revendication par la junte d'un héritage bouddhique que refuse de lui reconnaître la communauté monastique.
De leur voyage aux portes de la Birmanie fermée, les auteurs nous racontent le silence des temples et nous rapportent les propos de moines et d'opposants exilés. Pour comprendre la révolte récente, ils nous livrent les secrets d'un pays vivant depuis trop longtemps en autarcie et s'inquiètent de son avenir.Jean-Claude Buhrer, journaliste, et Claude B. Levenson, orientaliste et écrivain, se sont régulièrement rendus en Birmanie depuis près de quarante ans ; ils y ont rencontré à plusieurs reprises Aung San Suu Kyi. Ils sont notamment les auteurs de Aung San Suu Kyi, demain la Birmanie (Picquier poche, 2004) et de L'Onu contre les droits de l'homme ? (Mille et une nuits, 2003). Claude B. Levenson a récemment publié Tibet. La question qui dérange (Albin Michel, 2008) et Le Tibet (« Que sais-je », Puf, 2008). -
« Je mourus par un bel après-midi d'automne m'épargnant ainsi l'hiver que j'ai toujours détesté. » Ains s'ouvre le récit au cours duquel l'héroïne va rencontrer... 14 Créateur en personne. Mais il en faudrait beaucoup plus pour impressionner cette athée convaincue ! Un débat s'en gage...
Lauréate du prix Médicis pour Ortanda (Grasset, 1996) e du prix Victor Rossel pour Brève Arcadie (Julliard, 1959), JacqueLine Harpman, psychanalyste et romancière, vit en Belgique On Lui doit récemment L'Orage rompu et Récit de Ila dernière année (Grasset, 1998 et 2000).
Postface par Blandine de Caunes -
En 1973, Jacques Ellul fait paraître Les Nouveaux Possédés. À contre-courant du vaste mouvement matérialiste, à l'époque triomphant, qui proclame la déchristianisation et l'a-religiosité de la société ainsi que l'avènement d'un homme moderne et rationnel, il constate un vigoureux regain du religieux dans les comportements et les structures, collectifs ou individuels. La post-chrétienté n'est pas une société a-religieuse. Il en donne les nouvelles formes : religions politiques, magie, dérives sectaires, etc. « Quel est alors le malentendu ? Il tient au fait que le recul concerne le chris-tianisme. Or, les Occidentaux ont complètement assimilé christianisme et religion. (...) Il faut donc séparer les deux faits et considérer l'explosion religieuse de notre époque en dehors des cadres du christianisme et même des "grandes religions traditionnelles". Or, la singularité, la nouveauté tiennent à ce que ce mouvement religieux moderne se produit dans une société technicienne, par rapport à elle, en fonction d'elle. Et même, on pourrait dire que les nouvelles religions sont provoquées par la croissance technique. Tel est donc ce problème auquel ce livre essaie de répondre : quelle est la situation de la religion dans le monde technicien ? Elle est plus florissante que jamais.»
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Avorter aujourd'hui ; trente ans après la loi Veil
Olivia Benhamou
- Mille Et Une Nuits
- 5 Janvier 2005
- 9782842058760
Aujourd'hui, en France, une grossesse sur trois n'est pas prévue ; parmi elles, une sur deux donne lieu à un avortement. Le nombre des interruptions volontaires de grossesse se révèle d'une étonnante stabilité : environ 215 000 par an. L'on pourrait croire qu'avec les améliorations apportées dernièrement par le texte de loi de Martine Aubry en 2001, qui rallongeait notamment le délai d'IVG de deux semaines, la question de l'avortement est enfin réglée. Or, il n'en est rien. Contre l'idée communément admise, la banalisation annoncée (et redoutée) de l'avortement n'a pas eu lieu. Le droit revendiqué par les femmes, dont il était question à l'origine de la lutte, bientôt acquis, s'est transformé en une tolérance, et la tolérance en faiblesse. Aujourd'hui, ce n'est plus la loi qui est remise en cause, mais sa pratique. Et lorsque la mise en oeuvre de la loi vacille, ce sont les femmes qui trinquent.
Il existe désormais un écart entre la vision donnée par le texte juridique et sa mise en pratique sur le terrain. L'accès à l'avortement est de nos jours extrêmement difficile, les informations manquent, les mauvaises volontés font alliance avec des conditions d'accueil déplorables, les moyens attribués à l'activité d'IVG dans les hôpitaux se réduisent comme peau de chagrin, les médecins se détournent de la pratique, peu motivés par l'acte et sa rémunération. Les femmes d'aujourd'hui ont fort à faire lorsqu'elles décident d'avorter.
Trente ans après le vote de la loi Veil en 1975, un état des lieux de la pratique de l'avortement s'imposait. L'auteur a recueilli les témoignages de celles qui ont décidé d'interrompre leur grossesse pour des raisons à chaque fois uniques et singulières afin de révéler la manière dont elles ont vécu l'acte médical et ce qu'il a changé à leur vie de femme. Elle a enquêté dans les plannings familiaux, dans les centres autonomes et les services hospitaliers où sont quotidiennement pratiqués des IVG ; elle a interrogé des médecins et leurs équipes sur cette question de santé publique qui souffre d'un abondon politique. Et dont l'avenir est plus qu'incertain : dans dix ans, qui fera encore des avortements ? -
De la démocratie participative ; fondements et limites
Crepon/Stiegler
- Mille Et Une Nuits
- 14 Mars 2007
- 9782755500332
Que renferme l?expression « démocratie participative » ?
N?est-elle pas un pléonasme ? toute démocratie n?appelle-t-ellepas une participation de tous ?
La démocratie participative peut-elle encore, en ce cas, être légitimementopposée, et comme « démocratie directe », à la démocratiereprésentative ? Ne traduit-elle pas plutôt une forme depopulisme ?
Quelle consistance donner à ce qui pourrait constituer une trèsbelle proposition politique ? remettre la participation au coeur d?unnouveau projet politique ? Et face à quelle menace contre la démocratie? Et que dire, et de cette menace, et de l?actuelle mise enoeuvre d?une « démocratie participative » dans la campagne électorale? Celle-ci peut-elle remédier à la crise de défiance descitoyens ?
La participation est-elle réductible à une prise de parole puis àun bulletin dans une urne ? En quoi les technologies dites collaborativespeuvent-elles contribuer à la mise en oeuvre d?une nouvellesorte de démocratie, et en quoi ne peuvent-elles pas y suffire ? Laparticipation ne concerne-t-elle pas l?organisation de toute l?économiepolitique industrielle telle qu?elle se met en place en cedébut de XXIe siècle ? Chacun ne sent-il pas que, faute d?une nouvelleparticipation des hommes à la construction de leur avenirdans toutes ses dimensions, et comme nouvelle forme de civilisation,le monde court à sa perte ? -
Manifeste pour une sociéte positive
Positive Economy Forum
- Mille Et Une Nuits
- 27 Août 2014
- 9782755507362
Ce manifeste est un appel à l'altruisme, afin que chaque être humain, individuellement, mais aussi l'Etat, les collectivités, les entreprises, pensent la société de demain et la fassent advenir ensemble. Il s'inscrit au coeur des actions menées par le Mouvement pour une économie positive, qui fédère des milliers de citoyens et ONG depuis 2012, concernant l'éducation, l'écologie, l'innovation...
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Dialogues de sourds : Traité de rhétorique antilogique
Marc Angenot
- Mille Et Une Nuits
- 30 Janvier 2008
- 9782842059927
Qui a jamais persuadé son prochain à force d'arguments ? Au cours d'une vie, rares sont les moments où l'on se laisse convaincre et où l'on parvient à emporter l'adhésion de notre interlocuteur, préalablement fortement attaché à une opinion autre que la nôtre.
La rhétorique, traditionnellement définie comme l'art de persuader par le discours, se révèle être une science qui ne remplit pas l'objectif qu'elle se donne. Si l'on s'arrête à cette définition, les premières objections se font jour.
Les hommes argumentent constamment, et en toute circonstance, mais à l'évidence ils se persuadent assez peu mutuellement. Du débat politique à la querelle de ménage, de la dispute amicale à la polémique philosophique, c'est l'expérience constante que l'on en a. Peut-être du temps d'Aristote et des sophistes le rhéteur persuadait-il ses concitoyens à coups de sorites, d'enthymèmes et d'épichérèmes ? Il semblerait qu'aujourd'hui cela ne marche plus.
Ce constat pose une question dirimante à cette science séculaire : qu'en est-il d'une science aussi faillible ? Puis d'autres questions viennent à l'esprit. Pourquoi, se persuadant rarement, les hommes persévèrent-ils à argumenter ? Non seulement ils échouent dans leur stratégie de persuasion, mais rien ne saurait les décourager. Ils persistent à soutenir des controverses interminables, faites d'échecs répétés. Pourquoi ces échecs ? Qu'est-ce qui ne va pas dans le raisonnement mis en discours ? Alors que dans les situations de communication, le message parvient à son destinataire, et qu'il est entendu ? Pourquoi lorsque l'on argumente le message passe-t-il si mal ? Toutes ces questions ont longtemps été laissées de côté par la philosophie, empêtrée dans une succession de controverses qui opposèrent la plupart de ses grandes figures.
Marc Angenot nous propose d'explorer l'univers de la mécompréhension dans la volonté de persuader, d'en analyser les mécanismes, de répertorier les formes du raisonnement logique et celles des errements illogiques, et de nous éclairer quelques cas de dialogues de sourds qui marquèrent l'histoire de la philosophie. Cet ouvrage en vient à poser, in fine, la question de l'universalité de la raison raisonnante et à en dessiner les limites.
L'auteur traverse de nombreux types de discours - du juridique au judiciaire, en passant par le politique et l'historique (question du discours négationniste) - pour illustrer son propos.