Lors du 19e Congrès du Parti communiste chinois, en 2019, Xi Jinping déclare : « Il faut correctement raconter l'histoire de la Chine au monde », et en particulier « ses contributions majeures à la civilisation mondiale ».
Depuis une vingtaine d'années, on voit apparaître par touches progressives un récit historique qui justifie le rôle que la République populaire de Chine, désormais une grande puissance, aspire à jouer sur la scène internationale. Dans ce grand récit, le pays est présenté comme l'acteur, depuis l'Antiquité, d'une mondialisation alternative à celle qui fut portée par l'Europe puis les États-Unis : pacifique plutôt que belliqueuse, bénéfique à tous plutôt que prédatrice, respectueuse des différences plutôt que missionnaire.
À travers une dizaine de thèmes, de l'universalisme confucéen au « siècle d'humiliation » imposé par les traités inégaux avec l'Occident, du pacifisme chinois aux « routes de la soie », Victor Louzon analyse ce grand récit et en interroge les fondements historiques. Entre mythes et réalités, il éclaire la manière dont la Chine raconte aujourd'hui l'histoire de sa place dans le monde. Un livre indispensable pour comprendre le défi que la Chine pose à l'ordre mondial.
« Le but du Parti communiste chinois n'a jamais été de rejoindre la sphère démocratique, mais bien de lui résister, puis de la vaincre. » Depuis la mort de Mao, en 1976, la Chine a connu une ascension économique fulgurante. Contrairement à ce que les observateurs occidentaux ont pu croire, ce « miracle » ne s'est pas accompagné d'une démocratisation politique. De manière implacable, le Parti n'a cessé de s'enrichir et d'enraciner sa dictature, assurant le contrôle de ses populations et mettant au point l'un des systèmes de surveillance de masse les plus sophistiqués au monde. En se fondant sur des centaines de documents d'archives inédits - procès-verbaux secrets des réunions du Parti, archives locales ou rapports bancaires confidentiels -, Frank Dikötter analyse les politiques d'importations de technologies, la répression brutale des élans de liberté marqués par les événements de la place Tian'anmen en 1989, le profit que la Chine tire de la crise financière mondiale de 2008 ou encore ses stratégies bellicistes sur la scène internationale. Nous emmenant au coeur des villages les plus reculés comme dans les spectaculaires métropoles industrielles et commerciales, Frank Dikötter raconte une histoire faite d'intrigues politiques et de purges anti-corruption pour dévoiler les ambitions économiques, diplomatiques et militaires du géant asiatique.
Deux millénaires de leaders chinois : la verticale du pouvoir.
La riche, cruelle et complexe histoire de l'empire du Milieu, qui se déroule sur plus de deux millénaires, est ici racontée à travers les portraits de ses dirigeants les plus emblématiques. Parmi ceux ayant régné depuis Qin Shi Huangdi au IIIe siècle avant J.-C. jusqu'à Puyi, déchu en 1912, le présent ouvrage en a retenu vingt-cinq, ajoutant cinq empereurs républicains plus proches de nous, présidents de la République de Chine, puis de la République populaire à partir de 1949 (Sun Yat-sen, Chiang Kai-shek, Mao Zedong, Deng Xiaoping et Xi Jinping). Presque tous n'ont eu qu'un seul souci : l'exercice entier du pouvoir.
Hautes en couleur, ces biographies sont fondées sur de nombreuses anecdotes révélées par des sources anciennes, rares et méconnues. Elles soulignent les traits constants d'une civilisation unique et prodigieuse. C'est toute l'histoire de la Chine qui défile ainsi sous la plume enlevée de Bernard Brizay.
La cité aux mille secrets.
Derrière ses murs pourpres, la Cité interdite de Pékin renferme bien des secrets. Et pour cause, inaccessible au public - d'où son nom -, cet inestimable palais médiéval, de dix fois la taille de Versailles, fut la résidence des vingt-cinq empereurs des dernières dynasties chinoises, Ming (1368-1644) et Qing (1644-1912). Leur famille et leur cour ne sortant qu'en de très rares occasions de cette « ville dans la ville », toutes les décisions politiques et administratives étaient prises en son sein, alimentant l'aura d'un lieu mystérieux à l'écart du monde terrestre. S'appuyant sur une historiographie récente, notamment hongkongaise, Bernard Brizay, spécialiste de l'histoire de la Chine, nous plonge au coeur de la cité-étoile, représentation symbolique du pouvoir absolu de ces illustres occupants. Plus qu'un récit des souverains et de leur exercice du pouvoir, c'est toute la vie quotidienne de cour, ses intrigues tortueuses, ses multiples complots, ses rituels, ses tacites hiérarchies internes, son cérémonial ambivalent, qui est mis en lumière. Un intérêt particulier est pour la première fois accordé aux eunuques, pièces maîtresses de la bureaucratie impériale qui assurent à la fois le rôle de conseillers, d'hommes de confiance auprès des souveraines et concubines, et de maîtres espions. Dans ce récit enlevé et sulfureux, l'auteur fait revivre depuis sa construction la glorieuse et tragique histoire de ce monument emblématique du pouvoir impérial chinois.
Entre le IIe siècle avant notre ère et les années 900 ap. J.-C., il a existé en Chine, sur le court moyen du Fleuve bleu, une population insoumise qui n'a laissé nulle trace, dont on ignore à peu près tout. Ces Man ont défié l'Empire, l'ont parfois aidé, se sont retrouvés tour à tour dans et hors des limites de la puissance chinoise.
Alexis Lycas se livre ici à une enquête fascinante sur les écrits des chroniqueurs, poètes, administrateurs ou militaires qui ont servis à définir ces populations rétives. Car c'est à travers les circonvolutions de ces écrits que se déploie une "rhétorique de l'altérité" qui rapporte ici l'histoire d'une colonisation, en même temps que l'analyse de ces discours permet de comprendre comment le pouvoir central a fabriqué un peuple pour mieux le dominer.
Rouage essentiel du nouvel ordre mondial, la Chine ne peut se comprendre sans son histoire sociale, intellectuelle et politique. oeuvre d'une vie, résultat de cinquante années de recherches et référence indépassable, le livre de John Fairbank déploie le long récit de « l'empire du milieu » des cultures paléolithiques à nos jours.
Scrutant les origines d'une civilisation vieille de 4 000 ans, l'auteur donne les clés de lecture d'une culture toujours fantasmée, pour le meilleur et pour le pire, par les Occidentaux. Il fallait la hauteur de vue et tout le talent de conteur de John Fairbank pour éclairer les tendances à long terme et les réalités contemporaines qui façonneront le futur de la Chine et celui du reste de la planète.
La Chine n'est pas qu'un pays : c'est un monde en soi, qui plonge ses racines dans une histoire trois fois millénaire.
En huit chapitres chronologiques, Damien Chaussende retrace cette histoire, de la naissance de l'écriture vers 1200 avant Jésus-Christ jusqu'à la chute de l'empire des Qing en 1912. Il présente pour chacune des grandes périodes l'essentiel du cadre événementiel et ce qu'il faut en retenir pour comprendre une culture riche et foisonnante. Il fait en outre la part belle à de multiples anecdotes historiques, aux personnages et aux grandes oeuvres qui forment le bagage culturel de tout un chacun dans la Chine d'aujourd'hui.
Véritable petit guide, il sera utile aux amoureux de la Chine, aux étudiants et apprentis sinologues et à tous ceux qui souhaitent découvrir les grands jalons de l'empire du Milieu avant son entrée dans la modernité du XXe siècle.
Le dynamisme de l'économie chinoise depuis la fin des années 1970 et sa position centrale dans les échanges mondiaux invitent à revisiter une période cruciale, celle de la fin de l'époque impériale (XVIe-XIXe siècle). Au cours de ces trois siècles, la Chine, dont l'économie est pourtant très avancée et florissante, voit se creuser l'écart avec les pays de l'Europe du Nord. Pourquoi??
De multiples explications ont été données de cette longue divergence. Peu de place a pourtant été accordée aux véritables acteurs et aux modalités concrètes de fonctionnement des marchés. C'est cette carence que ce livre entend combler, en donnant la parole aux textes, et en suivant le parcours de trois personnages centraux?: le bailleur de fonds, l'intermédiaire, et l'entrepreneur commercial. Réinterroger l'origine de la puissance chinoise, c'est aussi en discerner les lignes de fractures, les points de rupture, les faiblesses. Si la période impériale tardive voit la multiplication de riches marchands, l'entrepreneur capitaliste est absent du paysage. Le capital, fragmenté, n'est pas aisément mobilisable?: il est périodiquement détruit ou thésaurisé.
À contre-courant de bien des idées reçues sur la prospérité chinoise, cet ouvrage esquisse un audacieux parallèle entre la Chine d'hier et celle d'aujourd'hui. On comprend ainsi que la richesse vient souvent des connivences avec le pouvoir politique, et non pas d'institutions facilitant l'alchimie secrète qui transforme l'épargne en capital.
José Frèches, écrivain et conteur passionné du « pays du milieu », nous raconte l'extraordinaire histoire de la chine, ses beautés, ses mystères.
Comment comprendre la chine d'aujourd'hui sans tenir compte de son passé immémorial ? L'héritage culturel d'un Chinois du XXIe siècle tire son origine de cette civilisation ancienne de plus de 4500 ans.
Récits de la vie quotidienne, légendes et anecdotes insolites... Dans cette nouvelle édition actualisée, José Frèches établit un pont entre nos deux mondes, nous transmettant avec enthousiasme son exceptionnelle connaissance de la Chine. Parce que nous avons tous envie de connaître la place qu'occupera ce pays immense et fascinant demain dans notre vie.
La Chine et le monde musulman représentent aujourd'hui environ la moitié de l'humanité. L'histoire de leurs relations est ancienne. Elles sont à l'origine de constructions impériales et de phénomènes d'acculturation qui ont façonné l'Eurasie et le Moyen-Orient. Leurs échanges se développent aux XIIIe et XIVe siècles sous l'impulsion de dynasties mongoles. Le choc de la modernité européenne a modifié les rapports de force, mais il n'a pas été suivi d'une démocratisation ou d'une occidentalisation de ces sociétés. De puissantes résistances s'y opposent. Atavismes ou traditions politiques réinventées semblent légitimer l'adhésion à des valeurs communes et des gouvernances autoritaires. En réalité, chaque acteur fait preuve d'un inépuisable pragmatisme avec des moyens de pression qui vont de la guérilla aux leviers idéologiques les plus divers.
L'Histoire générale de la Chine, série de dix volumes illustrés, allie rigueur scientifique et plaisir de la lecture, et constitue à ce jour la plus importante synthèse jamais publiée sur la civilisation chinoise.
Des chapitres chronologiques exposent, en début de volume, les grands jalons de l'histoire politique et institutionnelle de la période traitée. Ils sont suivis de sections thématiques (administration, vie quotidienne, religion, littérature, économie, etc.) soigneusement choisies en vue d'une véritable initiation du lecteur. L'ensemble est enrichi de nombreuses illustrations, de cartes en couleur, d'une chronologie, de diverses annexes et d'un index complet.
LA RÉPUBLIQUE
La période républicaine (1912- 1949) est généralement appréhendée comme un interrègne entre la chute de l'Empire et l'avènement de la République populaire de Chine, avec comme fil rouge l'affrontement entre le Guomindang et le Parti communiste chinois. Cette interprétation est pourtant aujourd'hui largement dépassée. Tout d'abord, le parti communiste fondé en 1921, 11 ans après le début de la période républicaine, doit encore attendre 5 années pour cesser d'être un insignifiant groupuscule d'intellectuels. Le PCC ne devient un acteur de tout premier plan que très tardivement, aux alentours de 1944. Sa victoire en 1949 se place dans un concours de circonstances particulièrement heureux, en particulier durant les opérations de la guerre sino-japonaise de 1937 à 1945 et s'explique avant tout par les erreurs commises par le Guomindang et son leader Jiang Jieshi (Chiang Kaï-shek). Certes, il ne fait aucun doute que le parti communiste a su éviter l'anéantissement à au moins deux reprises (1927 et 1935- 36), s'affirmer, s'organiser, se doter d'une stratégie et d'une doctrine cohérentes sous la tutelle d'un leader à la fois charismatique et redoutablement efficace : Mao Zedong.
Il n'est cependant plus question de traiter la période républicaine comme l'épopée révolutionnaire du Parti et donc de donner à ce dernier une importance disproportionnée. En lieu et place de cette grille de lecture, tend à s'imposer depuis une vingtaine d'années une interprétation privilégiant le concept de modernisation. Celle-ci s'inscrit dans une chronologie beaucoup plus large que la période républicaine, allant, en Chine, des guerres de l'opium à nos jours.
Alors que la Chine attire aujourd'hui tous les regards, Mobo Gao pose une question décisive : comment notre connaissance et notre compréhension occidentales de la Chine sont-elles construites ? Selon quel point de vue, quels jugements de valeurs implicites ou grille de lecture, l'image que nous avons de la Chine est-elle forgée ? S'inspirant des travaux d'Édouard Saïd sur l'orientalisme, Gao aborde 11 thèmes historiques ou culturels fondamentaux pour comprendre la Chine d'aujourd'hui et nous livres des explications stimulantes propres à désaxer notre regard et dévoiler une Chine paradoxale car elle-même animée d'intenses débats. L'auteur n'hésite pas à aborder de front des questions propices à de vives controverses, mais avec sérénité et rigueur intellectuelle. Par-là il met au jour les partis pris politiques et les cadres conceptuels inavoués des commentateurs de la Chines, aussi bien de droite que de gauche.
Clairvoyant, lucide, tendre, parfois ironique, toujours dénué de complaisance nationaliste, tel est le regard de l'auteur de Brothers sur son pays. Témoin d'un demi-siècle d'histoire chinoise, Yu Hua propose une analyse sociale pertinente et courageuse de la face cachée du miracle chinois. Et livre, en filigrane, le chemin d'un écrivain et de son oeuvre.
Toute histoire de la Chine est aussi une histoire de la civilisation chinoise. Au fil des millénaires, les Chinois ont entretenu des rapports étroits avec un grand nombre de peuples. Huns, Turcs, Mongols, bouddhistes, musulmans, chrétiens, tous ont contribué à faire de la civilisation chinoise ce qu'elle est devenue. Certes, la Chine a tout absorbé, tout sinisé. Il n'en demeure pas moins que faire l'histoire de cette civilisation implique qu'on puisse analyser un à un les éléments extraordinairement nombreux et variés qui la constituent.
René Grousset fut l'un des rares érudits capables de produire cette grande histoire de la Chine.
Pour comprendre le fonctionnement, l'originalité et le pragmatisme de la mentalité des Chinois, Alain Wang analyse les événements politiques, sociaux et culturels passés et contemporains dans ce pays hors norme qui a le pouvoir de transformer le monde.
Quarante ans après la mort de Mao, la vie des Chinois a profondément changé : de grandes métropoles modernes ont surgi le long du littoral ; des autoroutes et un réseau de trains à grande vitesse quadrillent désormais le territoire et ont levé les freins d'une migration de la population, à l'origine d'un essor industriel exceptionnel ; le boom des nouvelles technologies de l'information bouleverse le quotidien ; la fin de la politique de limitation des naissances a entraîné une véritable révolution des moeurs pour les jeunes chinois qui se libèrent aujourd'hui du carcan familial confucéen. Mais la montée en puissance globale de la Chine cache une société inégalitaire où les multimillionnaires et la classe moyenne côtoient un milliard de paysans et d'ouvriers. Confrontée à des mouvements de protestation d'une société civile inquiète des problèmes environnementaux engendrés par une hyper croissance économique mal contrôlée, la cinquième génération de dirigeants communistes trouvera-t-elle un nouveau souffle pour poursuivre le développement du pays, relever le défi de la démocratisationet réaliser la promesse d'une "prospérité relative" ?
À l'ombre de la Grande muraille, un peuple en armes veille sur des frontières qui s'étirent sur des dizaines de milliers de kilomètres. Entre le XVIe siècle et le IIIe siècle av. J.-C., la Chine multiplie les conquêtes et étend peu à peu son immense empire. Comment une telle prouesse a-t-elle été possible ? C'est ce que nous dévoile Jean Lévi, qui dresse le portrait d'une Chine en guerre, depuis les premières sociétés guerrières jusqu'aux royaumes combattants.
Mobilisant des centaines de milliers d'hommes, les armées chinoises développent alors une véritable science de l'intendance, de la topographie et de la manoeuvre. Pour nourrir ces bouches, armer ces bras et protéger ces torses, pourvoir à l'acheminement des vivres et des équipements, l'État guerrier et la société civile en viennent à fusionner, prémisse d'une nouvelle forme de bureaucratie totalitaire.
Parallèlement, une pensée originale de l'art du combat émerge, dont Sun Tzu est l'illustre représentant. Celle-ci interroge la légitimité de la guerre, jugée profondément « immorale » dans son essence, rejoignant ainsi des préoccupations étonnement modernes.
Plans de batailles, équipement militaire, tactique, entraînement, chaîne de commandement, découvrez les racines des pratiques martiales et de la pensée stratégique de l'Empire du milieu.
« Comment Mathusalem a-t-il pu atteindre l'âge très respectable de 969 ans ? Pourquoi un roi de Birmanie du xive siècle a-t-il été tué à cause de son amour pour les concombres ? Comment Mao Zedong a-t-il voulu écraser les moustiques avec des ouvrages ancestraux ? Vieille de plusieurs millénaires ou de quelques décennies, l'histoire nous fascine. Elle nous aide à comprendre le présent et elle éclaire l'actualité : tout ce dont traitent les journaux a une profondeur historique et fait écho à des événements passés. Ainsi, la visite du souverain pontife en Afrique permet de rappeler qu'il y a déjà eu trois papes africains, une grève des universités remémore une colère estudiantine au Moyen Âge, la rivalité entre la France et la Russie est l'occasion de se souvenir d'un ambassadeur du roi Louis XV qui a voulu renverser le tsar.
Procès de cochon, condamnation de cadavre, délires d'inventeur, sacrifices pour la liberté, empereur amoureux ou tyran sanguinaire, le passé nous offre de belles histoires à raconter. En voici quelques-unes réunies dans un joyeux méli-mélo, de la lointaine Antiquité aux temps présents. » Au fil des pages, malicieusement illustrées, on s'instruit et on sourit. On se penche sur ce qu'on a appris (ou pas), sur ce dont on se souvient (ou pas), sur ce qu'on aurait aimé savoir (ou ignorer) sur l'histoire du monde et de la France.
Yan Lan a grandi dans la proximité des hommes les plus puissants de la Chine, de Zhou Enlai à Deng Xiaoping... Son grand-père, Yan Baohang, d'abord compagnon de route du nationaliste Chiang Kai-shek, épouse la cause communiste et sera agent secret pendant la Seconde Guerre mondiale. Son père, Yan Mingfu, diplomate, interprète personnel de Mao pour le russe, est le seul témoin vivant des discussions entre Mao et les dirigeants soviétiques.
Mais la Révolution culturelle fait basculer la vie des Yan. Lan a neuf ans quand, un soir, les Gardes rouges font irruption dans l'appartement familial. Son grand-père est jeté en prison et meurt sept mois plus tard. Son père croupira dans une cellule pendant sept ans et demi. Sa mère, Wu Keliang, diplomate, accusée d'être issue d'une famille de contre-révolutionnaires, est reléguée dans un camp de rééducation par le travail où elle passera cinq ans avec sa fille.
En retraçant la vie des siens, Yan Lan fait revivre un siècle d'histoire chinoise, du dernier empereur à aujourd'hui, en passant par la Révolution culturelle où vient se fracasser son enfance. Comme rarement, le lecteur pénètre les arcanes d'un système devenu fou qui décimera une grande partie de l'élite intellectuelle, économique et politique du pays. Pourtant la Chine s'est relevée, et l'histoire des Yan après la mort de Mao est celle du réveil chinois.
La petite fille broyée par la Révolution culturelle est devenue l'une des femmes d'affaires les plus actives de son pays. La saga des Yan se poursuit, en écho avec les évolutions de la Chine contemporaine.
Politiquement affaibli après l'échec du Grand bond en avant et la grande famine qui l'a suivi (1958-1962), Mao Zedong lance en 1966 la « Grande Révolution culturelle prolétarienne ». Pendant qu'il élimine un à un tous ses compagnons d'armes et successeurs potentiels, il pousse la jeunesse à l'assaut de la bureaucratie civile et militaire : les « gardes rouges », appelés à « renverser ciel et terre », sèment le chaos dans le pays de 1966 à 1968. Mais les choses échappent à son contrôle et, pour garder l'Armée de son côté, il doit bientôt lâcher les jeunes rebelles. Du sommet de l'État aux couches populaires, le pays est alors au bord de la guerre civile. La Révolution culturelle ne prendra fin qu'avec le décès de Mao Zedong, en 1976, après avoir fait des millions de victimes. Nombre de dirigeants actuels ont été marqués, souvent durement, par cette tragédie.
C'est aussi le cas de Yang Jisheng, étudiant à Pékin de 1966 jusqu'à la fin 1967, qui a participé aux débuts de cette période sanglante. Son livre est à la fois une narration inédite, minutieuse et précise des événements - y compris ceux que le récit officiel occulte - et une analyse menée avec une perception intime, une connaissance historique et une distance assez exceptionnelles. Il resitue ces événements dans leur contexte jusqu'à la victoire finale des réalistes sur les idéologues, sans laquelle ni l'ouverture de la Chine à partir de 1978, ni son décollage économique spectaculaire, n'auraient pu avoir lieu.
Ce livre, publié à Hong Kong en 2016, reste interdit en Chine.
Comme en témoignent les très divers moyens qu'elle a trouvés pour s'exprimer: romans et chansons populaires, théâtre, inscriptions sur des éléments de l'espace public..., l'opinion publique en Chine a de tout temps été d'une grande vitalité. Tout aussi ancien est l'intérêt marqué des Chinois pour les plus infimes ressorts du déroulement de l'Histoire. Toutefois, si l'information a tôt constitué une question de haute importance en Chine, c'est d'abord parce qu'elle était l'une des principales clés de l'administration d'un vaste empire.
Accomplir une révolution prolétarienne dans un pays où la classe ouvrière ne constitue qu'une faible minorité, c'est cette gageure que soutinrent en ces années 1920 le petit Parti communiste chinois et derrière lui la Comintern, majorité stalinienne et opposition trotskiste confondues. Partant de ce constat, Stephen Smith retrace le parcours du PCC depuis sa fondation jusqu'à son effondrement provisoire en avril 1927, sous les coups de son allié Chiang Kaï-shek, le chef de l'armée du Guomindang.
Historien du travail, l'auteur de Pétrograd rouge décrit les rapports entretenus par les communistes avec les ouvriers, accordant une attention particulière aux liens de toute sorte (selon l'origine régionale, le métier, les affiliations aux sociétés secrètes, le clientélisme, etc.) qui entravaient leur organisation dans la grande métropole chinoise. Il s'intéresse aussi à l'action des mafias, actives en matière de marchandage ouvrier, troupes de choc du patronat, ainsi que de Chiang, lors du massacre des communistes, décrit avec quelques exagérations par Malraux dans sa Condition humaine. Porteur d'une grande valeur documentaire, le livre retrace les efforts du Parti pour mener les grèves, fonder des syndicats et se préparer à prendre le pouvoir. Mais cela, il ne le fera que plus tard, appuyé cette fois sur la paysannerie.
Étienne Balazs dispersa pendant vingt ans dans de savantes publications anglo-saxonnes, allemandes et surtout françaises les résultats d'une recherche dont l'extraordinaire variété ne masque pas l'unité du thème : la permanence du mandarinat, les mécanismes d'une société bureaucratique, les inerties et les transformations des institutions, la théorie politique et la pratique administrative, les caractères originaux de la vie commerciale et industrielle, les formes spécifiques de la protestation dans un système social frappé d'immobilisme.