Face au défi de l'habitat social dans les villes du Sud, le Gret a tenté d'apporter une réponse à travers le programme Twize.
Développé en Mauritanie de 1998 à 2008, ce programme se proposait de faciliter l'accès à l'habitat en dur dans les deux premières villes du pays, Nouakchott et Nouadhibou. Le Gret partait du postulat que l'accès à la propriété et à un logement décent pouvait opérer comme un levier de développement. Cette démarche devait permettre de lutter efficacement contre la pauvreté dans les quartiers précaires et périphériques.
Ce programme a évolué, passant d'une expérience de quartier à une large diffusion à l'échelle de l'agglomération : 6 500 " modules " (chambres ou clôture et toilettes) ont été construits. Trois autres composantes venaient compléter cette entrée habitat : le microcrédit, la formation, et l'appui aux activités communautaires et projets de quartier. Après dix ans d'intervention, une étude d'impact a été conduite en 2008 avec pour objectif de mesurer les retombées du programme dans ses composantes " habitat " et " microcrédit ".
Plusieurs questions ont sous-tendu cette étude : est-ce que les personnes initialement ciblées ont bien été celles qui ont bénéficié du programme ? Quelles transformations urbaines et sociales le programme a-t-il induit ? Quels ont été les problèmes rencontrés par la composante " microcrédit " ? II ressort de cette étude, à la fois quantitative et qualitative, que le programme Twize a fortement influencé la fabrique urbaine en Mauritanie.
Il a radicalement transformé la physionomie de certains quartiers où l'habitat précaire a disparu au profit de l'habitat en dur. Le programme a également permis à une partie de la population marginale d'améliorer ses conditions de vie. II a fait naître une forte mobilisation et implication des habitants dans le projet et dans le quartier. Enfin, l'expérience Twize se présente comme une référence dans le domaine de l'habitat social.
Plus largement, elle offre des méthodes et des outils efficients pour produire la ville du Sud.
Armelle Choplin est géographe et urbaniste, professeure à
l'Université de Genève. Elle a été Maîtresse de Conférences à
l'Université Paris-Est et à l'École d'Urbanisme de Paris. De 2016
à 2018, elle a été chercheure à l'Institut de Recherche pour le
Développement, affectée en Afrique de l'Ouest. Ses recherches
questionnent la fabrique des villes africaines depuis 20 ans.